4.48 PSYCHOSE

Théâtre Essaion
6, rue Pierre au lard
75004 Paris
01 42 78 68 42

Jusqu’au 26 septembre 2015
Du jeudi au samedi à 20h00

 

4. 48 Psychose loupe 

Troublante pièce que ce 4.48 Psychose qui décrit, ou plutôt expose et explore, les douloureux et dévorants méandres d’une âme hospitalisée dans un service psychiatrique, au bord du suicide. C’est une œuvre qui suscite immédiatement un malaise, une œuvre dure, une œuvre à la limite. À la limite entre la réalité et l’autofiction puisque c’est l’ultime pièce de Sarah Kane qui, de fait, se pendra quelque mois après l’avoir rédigée. À la limite du théâtre aussi, puisque la théâtralité repose presque entièrement sur la puissance d’une parole fragmentaire qui a la poésie et la beauté de l’étrange. Comme l’écrit la dramaturge anglaise elle-même : « Rien qu'un mot sur une page et le théâtre est là ».

Encore faut-il des comédiens, leurs corps, leur présence, leur voix. Julie Danlébac, les yeux humides, le regard fixe et la voix grave, crée une tension hypnotique qui interpelle la salle. « Ouverture de la trappe. Lumière Crue » : la formule se répète comme pour dire ce travail de froide et violente analyse qu’on est en train de livrer sur cette souffrance psychique, qui vient autant du fait d’être soi que celui de n’être pas soi, de l’impossibilité d’être soi ou d’un déchirement entre le corps et l’esprit : « c'est moi-même que je n'ai jamais rencontrée, dont le visage est scotché au dos de mon esprit. » C’est ce que donne également à voir la grande robe-armature qui visse la comédienne à la scène de ce tableau entre la vie et la mort. Immobilisée comme une statue dans ce qui tient d’une robe de mariée figée ou du monticule de Winnie dans Oh les beaux jours sa parole semble chercher à se libérer sans y parvenir tout à fait.

Frédéric Manzini

 

4. 48 Psychose

De Sarah Kane
Mise en scène : Ulysse Di Gregorio
Scénographie : Benjamin Gabrié
Costumier : Salvator Mateu Andujar

Avec : Julie Danlébac

 

Mis en ligne le 6 septembre 2015

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