TOUT OFFENBACH OU PRESQUE |
Théâtre de Paris
Imaginez un theâtre de nos jours, dans lequel décors et interprètes auraient disparu ! Et où tous ceux qui font aussi que les spectacles existent, le directeur de salle, la comptable, l'ouvreuse et bien sûr le public, se décident du coup à monter sur scène où dort paisiblement dans son lit un personnage inattendu autour duquel s'agite une soubrette très XIXème. Le personnage en question dont on ne voit que la tête dépassant du drap est un mannequin, dont on peut se demander s'il représente Offenbah ou Alain Sachs. Saluons ici le travail remarquable effectué ! Les « histrions » malgré eux vont pénétrer dans le monde enchanté et imaginaire du compositeur. Voilà quelle est la trame de ce spectacle d'une originalité incroyable qui va enchaîner à un rythme époustouflant des scènes toutes plus jubilatoires les unes que les autres, portées par la musique du Maître reconnaissable entre toutes même lorsqu'il s'agit d'airs peu voire pas connus, mêlés habilement à ceux que tous pourraient fredonner avec les interprètes. On retrouve avec plaisir l'équipe de La vie parisienne, des artistes talentueux capables aussi bien de danser, de chanter ou de jouer la comédie. Bien sûr l'ensemble est un peu hétéroclite, le côté comédien ayant été privilégié avec raison, tous ne possèdent pas des voix lyriques, certains sont plus à l'aise que d'autres avec leur corps, mais peu importe, au diable les puristes et autres savants musicologues, l'ensemble est bigrement efficace et travaillé sous un apparent désordre et emporte sans conteste l'adhésion d'un public aux anges. Il faut dire que dans des décors du plus pur style opérette et un patchwork invraisemblable de superbes costumes, ça court, ça saute, ça cabriole, ça se promène de jeux de mots en réparties hilarantes, tout à fait dans l'esprit de ces œuvres qui excellaient, dans l'humour, à la critique politique baignée d'une certaine immoralité ! Ça éclate comme des bulles de champagne,ça vous porte, vous transporte, sur les airs joyeux et accrocheurs qui sont la marque de fabrique d'Offenbach jusqu'au final qui ne pouvait bien entendu qu'être un « Lâcher tout » endiablé, accompagné d'une surprise géniale dont je ne parlerai pas davantage sinon ce ne serait plus une surprise ! Merci à tous de nous faire vivre un moment si intensément joyeux, on sort avec des fourmis dans les jambes et une incroyable envie d'aller rejoindre sur la scène cette équipe qui transpire l'enthousiasme et la joie de vivre.
Finalement Alain Sachs ne serait-il pas la réincarnation d'Offenbach ?
Nicole Bourbon
Tout Offenbach ou presque Mise en scène : Alain Sachs Avec : Orchestration et direction musicale : Patrice Peyriéras
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