LE MYSTÈRE BIZET

Salle Gaveau
45-47, rue de la Boétie
75008 PARIS
01.49.53.05.07

Le 14 février

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Mis en ligne le 15 février 2014

Le mystère Bizet

On connaît bien Éric-Emmanuel Schmitt comme auteur.

Avec « Le mystère Bizet », il quitte l'ombre protectrice de son bureau pour la lumière de la scène, car c'est lui qui raconte l'histoire de Bizet, ce compositeur qu'il va s'attacher à nous révéler.

Si comme tout comédien, il a sans doute le trac au moment où les projecteurs se braquent sur lui, il n'en laisse rien paraître. Il s'avance, à l'aise, occupant bien l'espace. Et il commence à parler avec cette voix douce mais bien placée aux intonations particulières qui m'avait déjà frappée lorsque j'avais eu le plaisir de le rencontrer (voir son interview). Une voix faite pour emmener le spectateur vers ces ailleurs qu'il aime tant dévoiler.

C'est ainsi qu'on va pouvoir découvrir le compositeur connu essentiellement pour son opéra Carmen.

En savoir plus sur son œuvre mais aussi sur sa vie, très courte puisqu'il mourut à 37 ans.

Et aussi comprendre pourquoi ce compositeur si doué ne composa que des œuvres mineures entre l'extraordinaire Symphonie en ut majeur écrite à 17 ans et l'opéra qui sera un des plus joués dans le monde, Carmen, composé l'année de sa disparition.

Là réside le mystère Bizet et Éric-Emmanuel Schmitt essaie de le percer en remontant le cours du temps, en analysant l'époque et l'œuvre, avec le talent d'écrivain qu'on lui connaît, toujours très documenté et émaillé de traits d'humour et de mots d'esprit, ainsi parlant de la danseuse Céleste Mogador, souligne-t-il qu'« elle s'était élevée en s'allongeant ».

Le récit est entrecoupé d'extraits d'œuvres, magistralement interprétés par Nicolas Stavy au piano (prestation très applaudie particulièrement lors des Variations Chromatiques qui exigent une grande virtuosité), Vincent Arnoult au hautbois, et les chanteurs lyriques Karine Deshayes dont la belle voix mezzo-soprano fit pardonner ses quelques entrées tardives et l'exceptionnel ténor Philippe Do doté d'une indéniable présence, en mode léger comme dans l'extrait du « Docteur Miracle » ou dramatique.

Tous les deux nous interprétèrent à la perfection la scène finale de Carmen, l'émotion à l'état pur, sentiments exacerbés entremêlés à la liesse populaire de la corrida, une scène qui à elle seule justifierait que Bizet fût passé à la postérité.

Ajoutons que la mise en scène légère et parfaitement adaptée est de Steve Suissa, les lumières de Jacques Rouveyrollis et le décor de Stéphanie Jarre, complices habituels d'Éric-Emmanuel Schmitt.

C'était – et c'est bien dommage – pour une seule soirée à la prestigieuse salle Gaveau, écrin parfait pour un tel spectacle.

Nicole Bourbon

 

Le mystère Bizet

d'Éric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène : Steve Suissa
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Décor : Stéphanie Jarre

Avec Éric-Emmanuel Schmitt, Karine Deshayes, Philippe Do, Nicolas Stavy, Vincent Arnoult