DRACULA, ENTRE LA VIE ET LA MORT

 

Un spectacle musical vampirisé par la technique

 

Bruno Pelletier (Johnny Rockfort, Jimmy et Gringoire dans les comédies musicales signées Luc Plamondon) s'est attaqué à la légende de Dracula qu'il a réactualisée. En 2050, le noctambule comte retrouve en une ravissante militante altermondialiste l'épouse qu'il a perdue, il y a 500 ans.

Dès le début, c'est la grosse machinerie : voix d'outre-tombe, décors en vidéo, sono à la limite de la saturation rendant parfois les textes incompréhensibles. Les chansons se succèdent sans que l'on puisse avoir une quelconque idée de l'histoire qu'elles sont censées raconter. Les décors (simples : un escalier et une passerelle) deviennent spectaculaires grâce seulement aux images projetées, les voix annoncées comme les plus belles du Québec le sont à condition d'aimer le formatage variété française actuelle, elles se ressemblent toutes, les femmes sont toutes des Céline Dion et les hommes des Bruno Pelletier, on peine d'ailleurs à reconnaître les personnages. C'est froid, sans âme.

La gestuelle grandiloquente rend certaines scènes ridicules, à la limite du grotesque. Tout fait penser à un film parodique de fantastique, mais malheureusement, là, ça se prend au sérieux. Des applaudissements polis saluent quelques prestations. Le final n'est pas mal trouvé, le héros tend le bras, une explosion, scène dans le noir, projos éblouissants dans la salle. Il était temps !

Est-ce là ce qu'on considère maintenant comme du spectacle vivant ? Le décor est projeté, la musique est enregistrée, autant aller au cinéma. Où est le travail des décorateurs cherchant à recréer une ambiance, une époque, en construisant du rêve ? Où sont les musiciens jouant avec toute leur âme, rendant la musique vivante et non froide et impersonnelle ? Où est le scénariste qui crée une histoire avec un début, des péripéties, une fin qui se suffisent à eux-mêmes, la technique étant à son service ? Là on a l'impression que la surenchère de moyens (vidéos, jeux de lumière) est l'essentiel.

Le but premier de tout spectacle est de susciter des émotions. Or ici, la seule que l'on puisse éprouver, c'est l'ennui.

 

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