LE CABARET STUPÉFIANT

Hall de la chanson
Pavillon du Charolais (derrière la Grande Halle de la Villette)
211 avenue Jean Jaurès
75019 Paris
01 53 72 43 00

Jusqu’au 24 avril
Samedi 18h00, dimanche 16h30, lundi 20h30

 

loupe 

« Vous êtes maintenant suffisamment lestés pour un long et singulier voyage. La vapeur a sifflé, la voilure est orientée, et vous avez sur les voyageurs ordinaires ce curieux privilège d’ignorer où vous allez »…

Belle idée que cette invitation au voyage des hallucinations et autres expériences de drogue inspirées du « Club des Haschischins » de Théophile Gautier au milieu du XIXe siècle. Ici, pas de dégustation publique ou privée du fameux dawamesk, cette « confiture verte » à laquelle les poètes avaient goûté pour y puiser l’inspiration : rien que des textes littéraires mis en musique et en lumière selon un jeu de correspondances joliment orchestré. Après tout, Baudelaire n’avait-il pas lui-même fini par juger que la créativité poétique était plus puissante que ces hallucinogènes et l’imagination que la réalité, même transformée ?

Évoquant les effets du haschich et ceux du LSD, Odja Llorca interprète donc des textes de l’auteur des Paradis Artificiels, mais aussi d’Henri Michaux, d’Allen Ginsberg et de Lou Reed ainsi que des chansons de Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, etc. Avec une présence sur scène impressionnante, la comédienne et chanteuse tient presque le spectacle à elle seule, même si sa performance est assistée des arrangements de Philippe Thibault (convaincant quand il joue, beaucoup moins quand il chante) et d’Oliver Garrouste pour les créations visuelles originales dont certaines sont en direct. C’est d’ailleurs peut-être plus de direct, plus d’imprévu, plus d’inattendu qu’on aurait aimé voir ce soir-là pour la première du spectacle, après celle qui fut donnée à l’hôtel de Lauzun, sur les lieux historiques du Club des Haschischins. Nul doute qu’Odja Llorca en est capable. Gageons donc que lors des représentations suivantes, les trois artistes pourront davantage lâcher prise, ou du moins en donner le sentiment aux spectateurs qu’ils ignorent réellement où ils vont.

Frédéric Manzini

 

Le Cabaret Stupéfiant

Mise en scène Véronique Bellegarde

Avec Odja Llorca (chant), Philippe Thibault (musique), OlivierGarouste (performance visuelle)

Lumière et son Philippe Sazerat

 

Mis en ligne le 10 avril 2016