RÉCITAL EMPHATIQUE DE MICHEL FAU

Théâtre Marigny
Carré Marigny
75008 Paris
01 53 96 70 30
Du vendredi 20 avril 2012 à 21h00 au samedi 23 juin 2012 à 21h00

Je m'en vais vous conter le spectacle le plus étonnant, le plus surprenant, le plus désopilant, le plus joyeux, le plus étourdissant, le plus hilarant, le plus singulier, le plus éclectique, le plus imprévu, le plus inattendu, le plus grotesque, le plus jubilatoire : enfin un spectacle d'un mauvais goût assumé qui déclenche les rires, un numéro d'acteur tout à fait incroyable, un récital qui fait crier miséricorde à tout le monde ; un divertissement qui comble de joie ses spectateurs ; un spectacle enfin qui se fera chaque soir du mardi au samedi, où ceux qui le verront croiront avoir la berlue ; un spectacle qui se fera jusqu'au 23 juin, et qui mériterait encore plus. Je ne puis me résoudre à le dire ; devinez-le : je vous le donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chats ? Eh bien ! Il faut donc vous le dire : c'est devinez qui ? Je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix ; je vous le donne en cent. Il faut donc à la fin vous le dire : c'est Michel Fau, celui-là même qui avait fait se tordre de rire tout le parterre compassé des Molières avec son interprétation de « Quelqu'un m'a dit» de qui vous savez..

Ce Michel Fau si doué pour le travestissement, si amoureux des grandes divas et tragédiennes, si talentueux au théâtre, à l'opéra, ou même au cinéma, adepte de la démesure la plus folle, capable de vous faire rire en vous donnant du Racine. Vous dites :
— Mais que fait-il donc ?
— Eh bien ma foi, il joue, il danse, il chante.
— Est-ce tout ?
— Il faut déjà le voir arriver tout perruqué de boucles brunes, outrageusement maquillé, enveloppé dans des tissus bleus et rouges ou dans une sublime robe moulante pailletée, protubérances mammaires en avant.
— Il joue, c'est normal pour un comédien.
— Vous n'y êtes pas, il nous donne à voir une tragédienne qui ne saurait pas jouer la tragédie, une Sarah Bernhardt caricaturée, qui roule des yeux charbonneux, prend des poses, des airs inspirés, lance des œillades éperdues et nous fait hurler de rire en déclamant non pas une, non pas deux non pas trois mais quatre fois différentes la célèbre tirade de Phèdre : « C'est Vénus toute entière à sa proie attachée », version classique, version boulevard, version théâtre contemporain où il ridiculise tous les codes des trois genres, ou qui fait vivre au-delà du possible le texte déjà hilarant de Roland Menou (« Mékong B4 ») parodie de l'Amant de Marguerite Duras.
— Il danse aussi dites-vous ?
— Il danse ? Non, il glisse, virevolte, s'envole dans des entrechats insensés pour une danse des sept voiles proprement hilarante, avec des mines lascives et séductrices ou des œillades assassines.
— Et il chante aussi ?
— Alors là, il donne toute la démesure de son talent ; avec un vibrato impossible, une bouillie de texte, des tonalités improbables, il campe une Castafiore sans aucun feeling qui massacre joyeusement aussi bien des airs d'opéra que Summertime ou une chanson de Zaz façon chanteur engagé, accompagné par l'excellent pianiste Mathieu El Fassi dont les doigts volent littéralement sur le clavier.

C'est drôlissime, loufoque et touchant, superbement réalisé, et rend sous ses aspects outranciers un magnifique hommage au spectacle vivant.

Si vous criez, si vous êtes hors de vous-même, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux, qu'on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien incroyable à imaginer ; nous trouverons que vous avez raison ; nous en avions fait autant que vous avant de le voir.

Alors courez au Marigny, cela vous fera savoir si nous disons vrai ou non.

 

 

Nicole Bourbon

 

 

Récital emphatique

Création, mise en scène et interprétation : Michel Fau
Accompagnement au piano : Mathieu el-Fassi
Robes : David Belugou
Maquillage : Pascale Fau
Coiffures : Élodie Martin