MOI, MARIE, MARQUISE DE SÉVIGNÉ

Théâtre Maxim’s
3 rue Royale
75008 Paris

Les mercredis à 20h00 (sauf le mercredi 16 novembre) jusqu’au 28 décembre.
Le dimanche 4 décembre 2016 à 17h00

 

Moi, Marie, Marquise de Sévigné loupePhoto © Gettyimages Bertrand Rindoff Petroff

Après Sarah Bernhardt, George Sand ou encore Colette, Véronique Fourcaud se glisse cette fois toujours avec la même aisance stupéfiante, dans la peau de la célèbre Marquise, dans ce bel écrin qu’est le Théâtre Maxim’s.

Sur un beau travail de Pierre-André Hélène qui a dû opérer un choix cornélien parmi le nombre impressionnant de missives (1120 dont la plupart adressées à sa fille ou à son cousin Bussy) et trouver comment les ordonner et les lier entre elles, accompagnée de la  mise en scène soignée de Théodora Mytakis, elle nous fait revivre bien plus qu’une vie consacrée à l’amour de sa fille, mais toute une époque, celle de Louis XIV, et la vie dans le Marais où elle logeait à l’Hôtel Carnavalet de cette noblesse qui ne rêvait que de paraître à la Cour.

Le spectacle commence par la plus connue des Lettres, celle qui annonce en entretenant savamment le suspense, un mariage inattendu, celui de Monsieur de Lauzun avec Mademoiselle. C’est un défilé d’adjectifs, une logorrhée savamment maîtrisée avec de feintes questions, que Véronique Foucaud s’approprie avec un naturel confondant, s’adressant à nous, et qui nous met immédiatement dans l’ambiance.

« Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'aujourd'hui, la plus brillante, la plus digne d'envie … »

Comme toujours, la voix est claire, bien posée, la diction parfaite. Les mots coulent aisément malgré les tournures inhabituelles aujourd’hui. Et c’est un réel plaisir de les entendre ; qu’elle nous narre la mort de ce pauvre Vatel, une courte entrevue avec le Roi, une attaque d’un voleur cherchant à lui dérober son collier, ses rapports avec ses voisins, l’affaire des Poisons, ses idées (fort modernes) sur l’éducation des femmes, tout nous est conté avec humour, malice et élégance, et d’une manière fort vivante grâce à la mise en scène qui fait intervenir quelques voix Off, le jeu de scène consistant à s’adresser souvent directement au public, le décor qui se dévoile peu à peu, et le texte entrecoupé  parfois d’une danse ou d’une chanson.

Voilà un joli moment à savourer sans hésiter qui nous rappelle un certain art de vivre bien oublié de nos jours.

Nicole Bourbon

 

Moi, Marie, Marquise de Sévigné

Proposé par Monsieur Pierre Cardin
De : Pierre-André Hélène

Avec : Véronique Fourcaud

Mise en scène : Théodora Mytakis

 

Mis en ligne le 14 novembre 2016