JULIETTE. Le tigre mondain (lectures)

Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins
75008 PARIS
Tel : 01 42 65 90 00
Tous les lundis, du 4 février au 25 mars 2013 à 20h30


Photo DR

Ainsi donc, Juliette, non contente de chanter, se voit aussi, – en diseuse et liseuse. On ne saurait lui donner tort, tant cette approche nouvelle, dans un décor d'agréable capharnaüm (coffre, livres, lampe –) est à la fois décontractée et, – et sympathique. On s'interroge, à un moment : n'est-ce pas, justement, trop décontracté ? Non, à la réflexion. Juliette a suffisamment de métier et d'aisance pour que tout passe. Elle commence par un faux appel, ce qui n'est pas nouveau nouveau. Heureusement, elle enchaîne avec le texte qui donne son titre au spectacle : « Le tigre mondain », de Jean Ferry. Cet auteur eut les honneurs de « l'anthologie de l'humour noir » de André Breton. C'est une bizarrerie, qui ne le cède en rien à un autre texte, d'Alfred Jarry, celui-là, « la Passion du Christ considérée comme une course de côte ». On voit là que les goûts littéraires de Juliette sont éclectiques, l'entraînant aussi bien vers Goscinny (celui du « petit Nicolas ») Dino Buzzati ou bien Guy de Maupassant. Là encore, elle a le chic pour choisir des œuvres peu connues, qui, par leur noirceur ou leur bizarrerie ont un ton, un charme certain.

Juliette fait mine de chercher un texte ou au autre (après tout, peut-être le cherche-t-elle vraiment et varie-t-elle son choix à chaque représentation ?) et quand elle l'a trouvé, elle s'en empare goulument aussi bien par le geste que dans son jeu. Elle virevolte en scène, se posant en passant dans un fauteuil, se régale, les yeux vifs et le verbe alerte. Elle peut se permettre, même, des digressions ou commentaires. Elle rappelle, ce qui n'est pas forcément inutile, qui étaient Fredric Brown ou Max Aub (espagnol, malgré son nom).

Elle finit par une autre histoire de tigre, une histoire dont nous ne dévoilerons pas la fin– et pour cause.

Quand Juliette prend congé, on a le sentiment d'avoir passé un bon moment avec une (vieille) copine et, accessoirement, d'avoir appris quelque chose. Une soirée à consommer sans modération, donc.

 

Gérard NOEL