CAP AU PIRE

Théâtre de l’Athénée – Louis Jouvet
Square de l’Opéra Louis Jouvet
7 rue Boudreau 
75009 Paris
01 53 05 19 19

Jusqu’au 14 janvier 2018

Mardi 19h00, de mercredi à samedi 20h00
Dimanche 16h00

 

Cap au pire loupe 

Cap au pire n’a pas été écrit par Beckett pour être dit mais pour être lu. Pourtant, Jacques Osinski le met en scène avec Denis Lavant qui l’incarne, immobile, avec pour seul habillage un carré blanc à ses pieds. C’est une expérience singulière et collective rare, précieuse. L’immobilité de Denis Lavant nous oblige à faire silence, à ne plus bouger pour écouter, pour nous laisser bercer par cette abstraction textuelle.

Il semble vain d’essayer de comprendre mot à mot ce texte fait de ruptures, de répétitions. Beckett met des mots pour illustrer notre incapacité à tout dire, à dire avec justesse. Les mots arrivent comme des impressions, nous embarquons pour un voyage sensible dans un état hypnagogique entre la veille et le sommeil. Chacun vit personnellement ce voyage qui peut, peut-être, laisser certains spectateurs au bord du chemin.

Denis Lavant est génial. Les deux bras le long du corps, la tête légèrement inclinée, seuls les yeux changent d’expression, aidée par la lumière de Catherine Verheyde. Chaque réplique commence par sa voix de tête et se termine par sa belle voix grave comme un signe de ponctuation – le son devient ponctuation. Tout se passe à l’intérieur de son corps, par la respiration, son ventre semble être l’instrument qui lui permet de dire ce texte qui projette des états – la décomposition, l’absence, la fin, le courage, l’absurde.

Denis Lavant est toujours sur le fil, à la frontière du carré blanc. Comme un effet miroir, les spectateurs sont dans un état second, plongés dans le noir. Cette douce torpeur nous accompagne une longue partie de la soirée. Cette musique restera longtemps dans notre ventre.

Alexandra Diaz

 

Cap au pire

Texte Samuel beckett
Mise en scène Jacques Osinski

Avec Denis Lavant

Scénographie Christophe Ouvrard
Lumière Catherine Verheyde
Costumes Hélène Kritikos
Traduction Édith Fournier (Editions de Minuit)
Production : Compagnie L’Aurore boréale, Les Déchargeurs / Le Pôle diffusion

 

Mis en ligne le 1er décembre 2017