MACHINE DE CIRQUE

La Scala
13, Boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tél : 01 40 03 44 30

Jusqu’au 3 novembre,
du mardi au samedi à 18h
à 18h30 Dimanche,

 

Machine de cirque loupe Photo © Loup-William Théberge

Depuis qu’au début des années 80’, certains circassiens ont abandonné la suite de numéros que le cirque classique proposait pour chercher autre chose de plus spectaculaire, de plus narratif, ils sont devenus de véritables novateurs, créant des spectacles inventifs et surprenant. On pense au Cirque Plume qui fut un des précurseurs de ce nouveau cirque, rappelons également Archaos. La poésie, le jeu, l’histoire, le sens, la musique et la mise en scène ont alors fait naître un nouveau cirque. Aujourd’hui, les circassiens ont tant développé ce style qu’ils y ont intégré toutes les disciplines des autres arts vivants au point que la comédie, le drame et la danse, s’expriment sur les pistes des chapiteaux, tandis que les différentes acrobaties illuminent les plateaux des salles de spectacles comme La Scala et donnent une nouvelle énergie aux programmations.

Machine de Cirque (titre du spectacle et de la compagnie québécoise) est une jeune compagnie née il y a six ans au Québec, sous l’impulsion de Vincent Dubé. Elle fait partie de ces nouvelles structures qui pensent le spectacle différemment : non plus basé seulement sur les performances des numéros mais sur une unité dramatique qui soit d’une certaine manière, le reflet de notre monde ou du moins qu’il s’y inscrive.

Pour ce spectacle créé en 2015, Machine de Cirque pose sur la scène de la Scala un dispositif à la fois complexe, ingénieux et vaguement archaïque : cela ressemble à un échafaudage de tubulures haut de trois étages, chargé de câbles, de mats et de matériaux de récupérations. Une sorte d’arche symbolique habitée par cinq rescapés d’une possible fin du monde. Des rescapés à l’écoute d’un possible signe de vie quelque part hors de leur univers, un ordre qu’ils tentent de remettre sur pied comme ils peuvent.

L’histoire va ainsi se dérouler devant nos yeux, avec énormément d’acting, énormément de musique (celle Frédéric Lebrasseur, véritable virtuose capable de jouer de tout, même de ce qui n’est pas instrument de musique), des scénettes très « farce », jouées en pantomime, qui donnent aussitôt la touche humoristique. Une touche qui va prendre de plus en plus d’ampleur au fil du temps, comme les performances acrobatiques elles aussi, qui deviennent de plus en plus impressionnante.

Les quatre circassiens au plateau sont d’une réelle virtuosité et le spectacle est lui comme une machine extrêmement bien rodée qui va sans cesse accélérant. Ainsi, l’histoire s’ouvre régulièrement sur des prouesses à la fois belles et impressionnante. On assiste à un numéro de jonglerie incroyable  avec au premier plan Raphaël Dubé et Yohann Trépanier mais également le musicien toujours très présent. On s’émerveille devant le passage poétique à la roue Cyr, le mat chinois et le trapèze, mais, toujours dans un esprit clownesque, au bord du ratage, on a presque peur quand Raphaël Dubé se lance à l’assaut de monocycles de plus en plus haut ! Sans oublier un moment de pure pantomime dirigé par Ugo Dario, joli clin d’œil aux films muets et aux amours romantiques.

C’est là, dans cette capacité à l’acting autant qu’à l’inventivité, autant qu’aux prouesses dans leurs différentes disciplines circassiennes, que réside la belle vivacité, la belle énergie de ce spectacle. Le rythme, lui, est totalement bien soutenu et inspiré par les créations et les improvisations du musicien : un ingrédient essentiel à la vitalité d’une histoire presque sans parole. À noter que tous ont participé à l’écriture et à la mise en scène.

Alors, on se laisse aller à parfois à suspendre son souffle devant un double ou triple saut périlleux réalisé à la planche coréenne, parfois à sentir ses poumons exploser de rire devant les pantomimes d’Ugo Dario ou les têtes des quatre artistes dans la séquence où ils se retrouvent nus derrière des serviettes de bains (un développement réussi du sketch initial inventé par les Beaux Frères – déjà Yohann Trépanier et Raphaël Dubé – irrésistible).

Bref, une soirée bonne pour le cœur !

Bruno Fougniès

 

Machine de cirque

Idée originale et écriture du spectacle Vincent Dubé
Direction artistique et mise en scène Vincent Dubé 
Collaborateur à l’écriture et à la mise en scène Yohann Trepanier, Raphaël Dubé, Maxim Laurin, Ugo Dario, Frédéric Lebrasseur  

Musique Frédéric Lebrasseur 

Conseillers artistiques Martin Genest, Patrick Ouellet, Harold Rheaume 
Conseillères à la scénographie Josée Bergeron-Proulx Et Julie Lévesque  
Costumes Sébastien Dionne 
Éclairages Bruno Matte 
Son René Talbot 
Ingénieur mécanique David St-Onge 
Direction technique Patrice Guertin

Avec : Elias Larsson, Raphaël Dube, Maxim Laurin, Ugo Dario

Musicien Frédéric Lebrasseur

 

Mis en ligne le 21 octobre 2019