LADISLAS CHOLLAT

Ladislas ChollatPhoto Claude Bourbon

 

RENCONTRE AVEC LADISLAS CHOLLAT, METTEUR EN SCÈNE

 

(Harold et Maude, Le Père, Une heure de tranquillité,  Les cartes du pouvoir, Sahar et Jeremy, Deux hommes tout nus et prochainement  en avril Un petit jeu sans conséquence auThéâtre de Pariset à la rentrée dans le même lieu Momo la nouvelle pièce de Sébastien Thiéry puis Résiste au Palais des Sports)

J’avais souvent eu l’occasion de croiser Ladislas Chollat lors de différentes occasions, conférences de presse et autres présentations de saison et j’avais alors été frappée par son visage toujours illuminé d’un large sourire.

J’étais donc curieuse de davantage connaître l’homme caché derrière ce qui était peut être un masque.

Notre entretien a révélé effectivement  un homme affable, courtois, calme.

Il avoue volontiers être plutôt d’un tempérament doux, considérant que l’autorité est souvent un constat d’échec.

« La douceur est ma façon d’être, mais ça ne veut pas dire être faible, tout accepter précise-t-il. Si je préfère toujours installer une relation de confiance, je sais par contre exactement ce que je veux, où je vais. Il me faut être clair dans ma pensée et savoir comment tirer de mes comédiens le meilleur d’eux-mêmes, les amener au mieux de ce qu’ils peuvent faire. On fait un métier de jeu, il faut préserver le plaisir de jouer et de jouer ensemble. Ce n’est pas toujours facile, il faut être psychologue et aimer ses acteurs, aimer les diriger. Parfois ils sont inquiets, il faut les rassurer, être leur papa. Mais je peux aussi parfois me mettre en colère, je ne supporte pas qu’on ne respecte pas les règles du plateau, ou qu’un comédien ne respecte pas ses partenaires. Comme cela arrive rarement, ceux qui ont assisté à de telles scènes, s’en souviennent longtemps après ! »

Lui qui a commencé comme comédien dans des troupes amateur, sait ce que c’est que d’endosser un personnage, « Mais je n’étais pas à l’aise sur une scène, et un jour j’ai eu l’occasion de mettre en scène entièrement une pièce et ça a été la révélation, c’est ça que je veux faire, là est ma place. »

Sa passion, c’est de découvrir un texte, de comprendre les intentions de l’auteur, démêler puis rassembler tous les fils qui font sens. Il travaille souvent avec des auteurs contemporains, ce qui permet un échange, des discussions, même si ce n’est pas forcément facile car « l’auteur doit accepter que la mise en scène soit une trahison nécessaire. J’ai dû par exemple beaucoup discuter avec Horovitz qui ne voulait pas accepter certaines coupes que je jugeais nécessaires ».

Un problème qu’on n’a pas quand on écrit sa propre pièce.

« J’y pense, l’écriture m’attire, j’ai d’ailleurs coécrit “Je ne serai pas au rendez-vous” avec Patricia Haute-Pottier. Là j’ai une liberté absolue, je peux aller au bout de la réalisation. Mais je ne suis pas un auteur, je suis un metteur en scène qui écrit, c’est différent. Je viens d’ailleurs d’écrire un monologue qui sera peut-être joué l’an prochain. L’écriture cinématographique m’attire aussi.»

Mais auparavant, on va le retrouver en octobre aux manettes de sa première comédie musicale “Résiste” avec des chansons de Michel Berger.

« France Gall avait beaucoup aimé “Le Père”. Elle m’a demandé de faire la mise en scène. Il fallait voir si ça pouvait coller J’ai travaillé avec ma scénographe sur un projet de décor, je lui ai présenté et ça  lui a plu. »

Car ce qu’il aime par-dessus tout c’est faire ce qu’il n’a encore jamais fait, découvrir d’autres univers, se mettre en danger.

« On est des saltimbanques. On fait un métier qui n’offre pas de sécurité, qui est fait de bulles, de montées et de descentes. En ce moment, je suis à la mode mais tout peut s’arrêter un jour, on peut ne plus aimer ce que je fais. »

C’est pourquoi sans doute il profite pleinement du moment présent, menant de front plusieurs projets secondé par son équipe.

« Maintenant que j’ai une certaine notoriété, je peux mener des projets plus ambitieux, mais avec la même énergie que je mettais quand je devais me battre pour qu’ils existent. C’est important que je puisse m’appuyer sur une équipe technique solide. Je travaille avec les mêmes personnes aux décors, aux lumières, au son et j’ai trois assistants à la mise en scène.
Par contre, pour la distribution, j’ai besoin qu’il y ait aux côtés des habituels, des nouveaux. Ça m’oblige à m’interroger sur mon travail, à continuer à avancer. »

Au travers des propos, se dresse en creux le portrait d’un homme à l’écoute des autres, curieux des gens, instinctif, sensible aux relations humaines, et qui se voit comme le capitaine d’un bateau chargé de garder le cap. Profondément humain et sans doute humaniste. Et dont on peut dire que le sourire dont je parlais au début n’est pas que de façade.

Nicole Bourbon

 

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