MURIEL DELAMOTTE – ISSAME CHAYLE

Rencontre avec la scénographe Muriel Delamotte et le metteur en scène Issame Chayle de la pièce « L’aigle à deux têtes » de Jean Cocteau

 

loupe Issame Chayle – Photo Éric Gazille

loupeMuriel Delamotte – Photo Éric Gazille

Du mélange des genres, des générations et des idées improbables, naissent souvent des projets riches et passionnants. La collaboration entre Issame Chayle, « trop curieux pour n’être qu’acteur »,  et Muriel Delamotte, artiste talentueuse et expérimentée, en est un témoignage.

À l’origine de leur rencontre, la volonté d’Issame de mettre en scène une pièce de Jean Cocteau « L’Aigle à deux têtes », très peu jouée sur les planches parisiennes depuis sa création en 1946 ! Un choix étonnant pour un trentenaire ! « En fait, il y a trois ans, on m’a proposé de jouer le rôle du jeune anarchiste (joué par Alexis Moncorgé) mais le projet n’a pas abouti. Néanmoins, cela m’a permis de découvrir et de rentrer dans l’univers de Cocteau dont je suis devenu totalement fan au point de vouloir concrétiser l’expérience inachevée ». Une fois les droits acquis auprès du Comité Cocteau pour « sa pièce préférée » (avant Othello de Shakespeare et Salomé de Oscar Wilde), Issame décroche l’accord du théâtre du Ranelagh, splendide écrin en boiseries convenant parfaitement à l’atmosphère royale et majestueuse de la pièce. Distribution des rôles effectuée, restait l’entrée en scène de celle qui magnifierait le projet grâce à une scénographie lumineuse, élégante et sensible. Conquis par une photo extraite d’un précédent spectacle, Issame sait que Muriel Delamotte est la fée qu’il recherche, celle qui saura « sculpter le vide qui portera l’espace de jeu des comédiens » (dixit la scénographe) ! « J’ai adoré notre collaboration car nous avons la même approche artistique. Issame irradie un enthousiasme et une conviction qui sont porteuses, joyeuses et vivantes. Et puis, il sait écouter les innombrables questions que je lui soumets ». Et côté questionnements et réflexions, Muriel est championne. « Personnellement, je travaille avec le texte mais aussi entre les lignes du texte, les intentions du metteur en scène et les infiltrations dans son cerveau. C’est un travail de tricotage qui doit permettre au final de créer un espace qui a du sens ». Portée par cette quête de lisibilité progressive, la scénographe est une adepte de la lumière. « Comme un sculpteur, j’aime souligner des intentions par la lumière. L’architecture de la salle du théâtre du Ranelagh imprimant déjà une force en soi, je m’en suis servie pour accompagner le public à entrer dans la pièce ». Créatrice « multicartes », Muriel Delamotte signe également les costumes de « l’aigle à deux têtes ». Historiques et contemporains à la fois, ils confèrent au propos cette note intemporelle et fantastique chère au metteur en scène. « Pour moi, le costume c’est la même approche que la mise en espace et c’est même parfois plus difficile. Avec Issame, nous y avons passé des heures et des heures, c’était passionnant. Au final, j’ai travaillé les costumes comme des suites de duels, à l’image du contenu de la pièce ! ».

De cette nourriture artistique mutuelle est née cette nouvelle version de la pièce de Jean Cocteau, unanimement saluée par les membres du Comité Cocteau, présidé par Pierre Bergé, très attaché à la mémoire et au respect de l’intégrité de l’œuvre du  poète. 

Patricia Lacan-Martin

 

L’aigle à deux têtes

Théâtre du Ranelagh
5, rue des Vignes
75016 Paris
Tel : 01 42 88 64 44

Jusqu’au 30 mars 2017