CONFÉRENCE SACD

 

 

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De la situation à propos de l’égalité hommes/femmes dans l’art et la culture

 

Quelques chiffres tirés d’une étude réalisée en 2011 *

81,5 % des postes dirigeants de l’administration culturelle sont occupés par des hommes

75 % des théâtres nationaux (dramatiques et lyriques) sont dirigés par des hommes

92 % des théâtres lyriques en région sont dirigés par des hommes

96 % des opéras sont dirigés par des hommes

70 % des centres chorégraphiques nationaux sont dirigés par des hommes

85 % des centres dramatiques nationaux sont dirigés par des hommes.

 

Constat fait en 2011 qui ne fait que confirmer un rapport de 2006 commandé à Reine Prat qui faisait un bilan comparable de l’inégalité entre homme et femmes dans le domaine du spectacle vivant et principalement en ce qui concerne les structures institutionnelles.

D’autres chiffres et puis c’est fini :

En 60 ans de festival d’Avignon, seulement 60 mises en scène sur 884 ont été signées par des femmes. Et une seule metteuse en scène a été programmée dans la Cour d’Honneur : Ariane Mnouchkine.

Au Théâtre National de l’Odéon -Théâtre de l’Europe, au cours de 12 saisons, de 1997 à 2009 : 91 % des programmations ont été mis en scène par des hommes (et 0 metteuse en scène programmée de 2002 à 2009).

Au Théâtre National de la Colline, dirigé en 2008-09 puis en 2009-10, par deux directeurs successifs : seulement 2 metteuses en scène programmées à chacune des saisons, et dans le Petit Théâtre. **

Etc.

 

« L’égalité a-t-elle du talent ? » - conférence de presse/débat organisée par H/F I.D.F

 

C’est en découvrant ces chiffres en 2006 que sont nés les collectifs H/F, d’abord en Rhône-Alpes et maintenant dans 12 régions. Mobilisées par l’invraisemblance de ces inégalités Hommes/Femmes dans un milieu culturel qui était censé être beaucoup plus égalitaire que d’autres milieux professionnels, des metteuses en scènes, des autrices, des compositrices, des directrices de compagnies, des comédiennes… se sont regroupées (bientôt ralliées par quelques homologues masculins) pour réfléchir aux raisons de ces déséquilibres flagrants et tenter de définir des actions pour que la parité homme/femme dans le spectacle vivant soit représentatif de la société.

Diverses actions, conférences, interventions auprès des autorités de tutelle ont ainsi été mises en place pour lutter contre une tendance inégalitaire qui n’a pas l’air de s’infléchir au cours des dernières années.

Lundi 10 juin avait lieu une de ces conférences/débats à la maison des auteurs de la SACD.

 

Comment changer les choses, par quel moyen inciter les institutions culturelles du spectacle vivant à faciliter l’accès aux femmes et réduire ce déséquilibre ?

Voilà un des thèmes abordé lors de ce débat qui réunissait plus d’une centaine de gens du métier ainsi que des représentants d’institutions théâtrales ou de soutiens au spectacle vivant.

Et les idées fusent : Instaurer des quotas comme le propose Laurence Février (Comédienne et metteuse en scène), tandis que Mathieu Bauer (Directeur du Nouveau Théâtre de Montreuil) ainsi que François Rancillac (Directeur du Théâtre de l’Aquarium) sont plutôt désireux d’axer  leurs efforts sur une prise de conscience personnelle et collective (les quotas risquant d’être source de nuire à la liberté de programmation, ainsi qu’à la liberté intellectuelle et artistique), puis surgit l’idée d’agir avec les institutions théâtrales comme avec les institutions politiques : instaurer des « amendes » pour tous ceux qui ne respecteraient pas la parité.

Enfin, il est question de proposer un principe visant à réduire de 30% le budget de toute structure du spectacle vivant qui ne travaillerait pas pour réduire l’inégalité h/f dans le but de tendre vers la parité.

Même si les propositions divergent parfois lors de cette rencontre, une sorte de consensus se fait autour de la nécessité de décisions coercitives pour que les inégalités disparaissent à plus ou moins long terme : au vue de la quasi stabilité observée entre 2006 et 2011, toutes et tous savent que rien ne changera dans les habitudes de ses structures par autorégulation.

Et que Catherine Anne rappelle qu’on ne doit pas tout mélanger, que le système de quotas est le plus souvent envisagé pour défendre les minorités, or les femmes sont bien plutôt majoritaire dans notre pays.

 

Le deuxième but de cette conférence était d’annoncer le lancement de la « Première Saison Egalité 2013/2014 », manifestation qui courra toute la saison prochaine avec la participation de 25 théâtres engagés contre les discriminations artistiques et culturelles (liste de ces lieux culturels sur www.hf-idf.org et signature du manifeste sur ce même site).

Ces théâtres se sont engagés à une programmation équilibrée hommes/femmes, une réorganisation interne paritaire et une information auprès du public

Le lancement de cette Saison aura lieu le lundi 21 octobre 2013 à partir de 18h à l’Athénée-Théâtre Louis Jouvet.

A suivre.

 

* La place des femmes dans les institutions publiques du spectacle vivant dans les postes à responsabilités en 2011, étude réalisée à l’initiative de Laurence Equilbey par Mickaël Loup (Master 2 Administration de la Musique et du Spectacle Vivant, Université d’Evry-Val-d’Essonne) et Anne-Sophie Bach-Toussaint, février 2012

 

** Chiffres extraits du dossier de presse/débat du 10 juin 2013 : « L’égalité a-t-elle du talent ? », publié sur le site H/F Île-de-France : http://www.hf-idf.org

 

 

« L’habitude de la liberté » Marathon Lecture.

 

Une manifestation originale dans le même esprit que la conférence du 10 juin : un marathon lecture durant 24 heures (les 14 et 15 juin 2013).

Durant 24 heures, des autrices, des comédiennes se sont relayées pour lire des extraits d’œuvres de 72 autrices de théâtre. 

Conçu par Carole Thibaut – autrice, metteuse en scène, directrice artistique de Confluence et de la Compagnie Sambre, ce marathon a été voulu comme une réponse à certains programmateurs et directeurs de théâtre sur l’absence d’auteures femmes dans la production dramatique française. A cela, Carole Thibaut répond : « Messieurs, voici 72 femmes de théâtre, présentées en 24 heures non-stop, à travers 72 extraits de leurs œuvres. 72 et 24 sont des chiffres arbitraires. C’est infime au regard de la richesse de la production littéraire, très peu au regard du nombre réel d’autrices de théâtre. Ceci est donc un manifeste politique et artistique. Pour que personne ne puisse prétendre que nous n’existons pas ! »

Et elles existent ces autrices. Elles étaient même trop nombreuses pour rentrer dans la programmation de cette manifestation. Des textes d’une qualité irréprochable et d’une imagination sans freins. Voilà à quoi ont assisté les spectateurs qui se sont succédé tout au long de cette soirée et de cette journée pour écouter ces lectures parfois inédites et toujours passionnantes (voir la liste des autrices lues sur http://www.confluences.net/).
Le marathon était précédé d’un table-ronde principalement animée par Aurore Evain (dramaturge, chercheuse et codirectrice de l’anthologie Théâtre de femmes de l’Ancien régime) qui a révélé que les femmes autrices existaient déjà dans l’ancien régime, qu’elles ont été beaucoup plus nombreuses au fil des époques à créer et être jouée, que le terme même d’autrice datait de l’antiquité mais que bizarrement, leurs textes disparaissaient des anthologies comme si une sorte de censure consciente ou inconsciente agissait pour éliminer leurs œuvres de la mémoire.

 

Deux manifestations pour mobiliser toutes celles et tous ceux qui s’insurgent contre les discriminations volontaires ou inconscientes en prouvant toute la réalité créative et artistique des femmes dans toutes les compétences du spectacle vivant.

 

 

Bruno Fougniès