UNE FEMME SEULE

Au théâtre LES DECHARGEURS
3 rue des Déchargeurs, 75001 PARIS

21h45, les lundis, du 22 aoû au 19 octobre 2011

 

Le titre original de ce spectacle était, sauf erreur, « Orgasme adulte échappé du zoo », mais on a ici préféré celui de « Une femme seule » moins porteur mais plus compréhensible.

Dans cette pièce à un personnage, une femme enfermée chez elle, fort occupée par son beau-frère invalide et « peloteur », son bébé, son mari au téléphone, sans compter les besognes domestiques, cette femme, donc, trouve une confidente en la personne d'une voisine compréhensive. Celle de l'immeuble d'en face, bien sûr, car nous sommes en Italie, pays où on imagine sans peine qu'on crie presque en permanence, qu'on se confie sans réserve à une inconnue, qu'on fait hurler la radio, baissée à peine pour se parler, tâcher de calmer le bébé ou .s'adresser à un éventuel visiteur.

Dans l'esprit de Dadio Fo, sa pièce était une sorte de fabliau à la Boccace (celui du « Décaméron ») la femme, plutôt que l'homme, prenant la parole et partageant avec le public ses bonheurs ou plus souvent ses malheurs principalement conjugaux. Le côté érotique n'était pas oublié et contribuait, comme Fo en avait la conviction en une libération de la parole des femmes. 

Pari pleinement réussi, dans cette présentation signée Pierangelo Summa : il a disposé des objets simples (téléphone, échelle, fenêtre suggérée) de couleurs vives. On comprend vite qu'il ne sera pas fait un sort à ces objets : ils serviront de témoins, de relais. Ils seront ce sur quoi s'appuiera la comédienne pour son récit. Et c'est dans un rapport frontal (via l'artifice du cadre suggérant la fenêtre) que Gabriella Merloni s'adresse à nous. Cette jeune comédienne, également responsable de l'adaptation, est une nature : elle est tour à tour espiègle, désespérée, ou charmeuse, elle conquiert rapidement le public. Le fait qu'elle soit en combinaison rajoute à l'impression de vérité : on pense à une Sophia Loren dans « une journée particulière », voire à Silvia Mangano ou Stéfania Sandrelli, ces actrices italiennes à la sensualité si naturelle qu'elle devient une composante du personnage. Qu'on l'intègre aisément. Comme dit la femme elle-même, se plaignant d'un voyeur : « Je ne peux pourtant pas faire le ménage en manteau et col roulé». Ce qui n'est pas faux.

Et l'histoire se poursuit. Sans en révéler la fin, sachez qu'il y aura encore bien des péripéties et que Gabrielle Merloni animera sans faiblir son petit monde intime, ses coups de blues et ses visites, ses appels, à la trompette ou autres.  

    Laissez-vous donc embarquer par ce voyage transalpin, c'est-à-dire tonique, cruel et exagéré juste ce qu'il faut. Ne sommes-nous pas au théâtre ?

 

Gérard NOEL

 

De Dario Do et Franca Rame

Mise en scène   Pierangelo Summa

Avec Gabriella Merloni