L’OPÉRA DE QUAT'SOUS

Théâtre de l’Usine
18 avenue du Docteur Roux
46400 Saint-Céré
tél : 05 65 38 29 08

Le 10 août à 21h30

Le 14 août à 21h30

 

loupe Photo © Claude Bourbon

Un univers de piste aux étoiles, une piste aux étoiles sans clinquant ni paillettes, avec juste une pauvre guirlande lumineuse tendue entre deux grands draps ornés de caricatures : voilà le décor voulu par Olivier Desbordes qui une fois de plus met dans le mille avec sa lecture de cette œuvre difficile, glauque à souhait, entremêlant délire malicieux et férocité du trait. Un monde de caniveau avec ses personnages d’une sordide truculence, une attaque en règle voulue par Brecht contre le capitalisme ainsi que la dénonciation virulente des injustices de la société, l’exploitation de l’homme par l’homme avec des mots qui résonnent terriblement aujourd’hui comme le prouvent les réactions du public à des répliques telles que « Qu'est-ce qu'un passe-partout, comparé à une action de société anonyme ? Qu'est-ce que le cambriolage d'une banque, comparé à la fondation d'une banque ? Qu'est-ce que tuer un homme, comparé au fait de lui donner un travail rétribué ? ».

 

loupe Photo © Claude Bourbon

Cette peinture au vitriol s’accompagne ici de mouvements, de couleurs, de trouvailles scéniques qui nous emportent dans un véritable tourbillon, magnifié par une interprétation solide de comédiens-chanteurs et de chanteurs-comédiens, se soutenant mutuellement jusqu’à offrir une parfaite cohésion.

C’est la célèbre complainte de Mackie interprétée par une Nicole Croisille en grande forme, qui se joue avec maestria d’une tessiture non adaptée à sa voix, par le jeu, la gouaille et un charisme stupéfiants, c’est un Peachum interprété avec virulence par un Patrick Zimmermann survolté, braillard génial, suffisant et sardonique, quel couple d’anthologie ils forment tous les deux !

loupe Photo © Claude Bourbon

C’est un Éric Perez qui non seulement co-signe la mise en scène mais campe de surcroît un Mackie brutal, impitoyable, retors, sardonique, c’est une Polly autant sensuelle que manipulatrice à qui Anandha Seethanen prête sa voix sans faiblir dans des morceaux d’une large palette, et Sarah Lazerges et Flore Boixel, capables d’incarner les cousines hier dans la Périchole et aujourd’hui Lucy et Jenny avec la même crédibilité, et Marc Schapira  en Brown autant séducteur que cynique.

Et des scènes marquantes, la cage aux fauves matérialisée, bel exploit technique, Mackie bras écarté tel un Christ crucifié avec ses trois femmes éplorées à ses pieds, la dispute entre Polly et Lucy, l’arrivée surprenante de Brown à la fin que je ne dévoilerai pas.

Sans oublier la musique de Kurt Weill, si variée, que l’orchestre emmené à vive allure par Manuel Peskine restitue avec une force communicative.

Nicole Bourbon

 

loupe Photo © Claude Bourbon

L’Opéra de Quat'Sous

Musique Kurt Weill
Texte Bertolt Brecht
Version française de Jean-Claude Hémery 

Mise en scène : Olivier Desbordes et Éric Perez
Direction musicale : Manuel Peskine

Avec
Mackeath : Éric Perez
Monsieur Peachum : Patrick Zimmermann
Madame Peachum : Nicole Croisille
Polly : Anandha Seethanen
Jenny : Flore Boixel
Lucy : Sarah Lazerges
Brown : Marc Schapira
1er brigand : Alexandre Charlet
2ème brigand / Filch : Clément Chébli
3ème brigand : Yassine Benameur
4ème brigand : Manuel Peskine
5ème brigand : Antoine Baillet-Devallez
6ème brigand : Josselin Michalon
1ère prostituée : Nathalie Schaaff
2ème prostituée : Fanny Aguado
3ème prostituée : Anne-Sophie Domergue

Décor : Patrice Gouron
Costumes : Jean-Michel Angays
Construction décor : Guillaume Hébrard
Graffitis sur toile : Paolo Calia

 

Mis en ligne le 11 août 2016