ÉRIC VIGNAU

Rencontre avec Éric Vignau

Éric Vignau loupe Photo © Claude Bourbon

C’est un vrai plaisir de retrouver Éric Vignau que j’avais déjà interviewé il y a deux ans, et qui fête cette année ses trente ans de Saint-Céré.

« Un pilier du festival, jolie expression pour ne pas dire le plus vieux, » commente-t-il dans un éclat de rire et toujours avec sa pointe d’accent du Béarn.

« J’ai toujours mon accent dans la vie même si j’arrive à l’estomper quand je chante, sous la direction de mes chefs de chœur. »

Cette année, il interprète Don Andrès de Ribeira dans la Périchole et Gaston dans la Traviata, deux personnages auxquels il imprime sa marque.

« Je n’ai pas une voix à caractère très marqué, il me faut donc trouver autre chose pour surprendre, d’autant que ma stature ne correspond pas forcément à ce qu’on attend de ces rôles plus en second plan. C’est compliqué car les rôles de ténor sont rares passée la cinquantaine, je découvre ce répertoire.
C’est un peu frustrant car je n’ai pas beaucoup à chanter mais le challenge est d’avoir trouvé une agence, de repasser des auditions, ce sont de nouveaux enjeux, on rencontre de nouveaux partenaires, c’est finalement agréable et même excitant. »

En trente ans il a pu assister à l’évolution de ce festival maintenant solidement installé et qui bénéficie désormais d’une vraie salle de spectacle à Saint-Céré.

« Le public répond toujours présent mais le piège c’est de sombrer dans la lassitude, le ronron. Le paradoxe c’est que lorsqu’on fait des propositions autres que les œuvres phares le public ne suit pas, il n’a pas la curiosité, il aime reconnaître les œuvres, retrouver des airs connus. »

Il est vrai que la particularité de ce festival c’est aussi le plaisir de tous à se retrouver, les interprètes bien sûr, (« On a une énergie commune, pour que ça fonctionne il faut que tout le monde tienne sa partie et ait envie de réussir le spectacle. ») mais aussi les spectateurs qui apprécient la proximité avec les artistes qu’ils peuvent croiser dans la rue ou aux répétitions ouvertes au public.

« Il y a un côté familial, ça rend accessible l’activité artistique, les gens nous parlent, nous donnent leurs impressions. C’est touchant car ce type d’échange est rare le reste de l’année. Le public connaît finalement peu de chanteurs, ne connait pas la réalité du métier. »

Les projets sont nombreux pour la saison qui va démarrer avec à Toulon Les Noces de Figaro où il interprètera  Basile et qui sera donné au festival 2017. À Marseille La Veuve joyeuse et Don Carlo, à Nancy Werther, En Suisse Les Contes d’Hoffmann avec Olivier Desbordes et en tournée les reprises de La Traviata et de La Périchole. Beaucoup de déplacements en perspective « une vraie vie de saltimbanque, on ne fait pas seulement semblant comme dans la Périchole. Ça permet de garder l’enthousiasme, d’oublier les moments de creux vers 40, 45 ans, l’heure des bilans où on se pose des questions. »

Et pour nous, le bonheur de le retrouver sur scène, toujours présent avec sa fougue, sa joie de vivre, sa bonne humeur et cet art de rendre inoubliable les personnages qui lui sont confiés.

Nicole Bourbon

 

Mis en ligne le 16 août 2016