FESTIVAL DE SAINT-CÉRÉ – Jour 2

 

 

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L'alerte météo aux orages oblige une nouvelle fois au repli. Ce soir, Lucia de Lammermoor ne sera pas jouée au château de Castelnau mais à la Halle des Sports de Saint-Céré.

Après la route sinueuse qui descend de Castelnau, longeant les vertes prairies où paissent tranquillement les belles vaches limousines à la robe rousse – couleur froment vif doit-on dire exactement selon les spécialistes –, on aperçoit, se détachant sur le ciel tourmenté la silhouette trapue du château de Saint-Laurent-les-Tours qui domine la vallée de Saint-Céré.

 

Cette forteresse médiévale qui appartint huit siècles durant aux vicomtes de Turenne, est connue de nos jours pour avoir appartenu à Jean Lurçat. Artiste peinte célèbre pour son art de la tapisserie contemporaine, il fut également résistant pendant la seconde guerre mondiale.

En 1986, sa veuve fit don du château au Conseil Général du Lot. Le département y ouvrit en 1988 un musée dédié à Jean Lurçat. On peut y découvrir certaines de ses œuvres et imaginer l'artiste dans sa vie quotidienne, de nombreux objets y étant conservés en l'état.

 

LUCIA DI LAMMERMOOR

Festival de Saint-Céré

Château de Castelnau
Repli Halle des Sports
Saint-Céré

Vu le 8 aôut 2014

 

Lucia
Photo Claude Bourbon

21h30. La Halle des Sports de Saint-Céré est comble. L'orage effectivement menace après les belles éclaircies de l'après-midi.

La salle s'éteint, le silence se fait. Cors et timbales retentissent. Le drame quasi shakespearien aux allures de Roméo et Juliette va pouvoir se dérouler.

Une nouvelle fois les amours contrariées de Lucia et Edgardo conduiront inexorablement la jeune femme vers son tragique destin.

Olivier Desbordes le metteur en scène prend ici le parti d'une sobriété qui donne toute la place à la musique et au chant. Pas de revisitation personnelle, genre très à la mode actuellement, mais un respect total de l'œuvre. Pas de transposition à notre époque, mais une intemporalité soulignée par les costumes aux lignes épurées dans des tons sépia – mais pourquoi à l'acte III cette unique tache rouge sur la robe de Lucia, bien nette, bien ronde  et pas très bien placée –  et par le  décor constitué uniquement d'un plan incliné qui cache en son centre l'indispensable puits.

Des éléments bien vus s'y ajoutent ponctuellement : une charrette, tour à tour convoi de mariage puis chariot funèbre, le jeu des fleurs de l'acte III, le grand drap blanc qui recouvre le plateau pour la scène du banquet.

(Cerise sur le gâteau : l'orage qui menaçait éclata avec violence au début du dernier acte. Bel effet de mise en scène. Olivier Desbordes commanderait-il aux éléments ?)

Tout repose donc dans cette version dépouillée, exempte de tout artifice superfétatoire, sur l'interprétation.

Les chœurs et l'orchestre sont ceux d'Opéra Éclaté, compagnie créée il y a plus de 25 ans par Olivier Desbordes. Belles voix et superbe direction musicale.

Les interprètes font tous preuve d'une solide qualité vocale.

Évidemment, toute la salle attendait comme à chaque fois la célèbre scène de la folie de l'acte III, épreuve redoutée des coloratures qui doivent faire preuve d'une extraordinaire virtuosité.

Burcu Uyar a soulevé l'enthousiasme du public : voix limpide et précise, technique parfaitement maîtrisée respectant les nuances, elle se joue avec aisance des difficultés, particulièrement dans le remarquable duo avec une flûte qui souligne et répond en écho à la ligne mélodique.

Voilà un opéra sans les fastes habituels mais de grande qualité vocale et musicale qui répond bien au souhait de démocratiser le genre.

Nicole Bourbon

 

Lucia de Lammermoor

Musique Gaetano Donizetti
Livret Salvatore Cammarano
Mise en scène : Olivier Desbordes.
Direction musicale : Gaspard Brecourt.

Avec : Lucia, Burcu Uyar ; Enrico, Gabriele Nani ; Edgardo, Svetislav Stojanobvic ; Arturo, Eric Vignau ; Raimondo, Christophe Lacassagne ; Alisa, Hermine Huguenel ; Normanno, Laurent Galabru ;

Chœur et orchestre Opéra Eclaté.

 

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