EN ATTENDANT GODOT

Théâtre du Pavé
34 rue Maran
31400 Toulouse
05 62 26 43 66

 

En attendant Godot

 

En attendant Godot, un bon Godot vous attend sur le pavé de la rue Maran, Pozzo a mis de côté un os de poulet pour le premier arrivé

Tiens ! voilà, dans la lumière du jour, assis sur un gros caillou blanc au bord du chemin, dans un parc, peut-être, au milieu de nulle part, peut-être, Estragon. Il a mal à son pied gauche. Il essaie d’enlever sa chaussure, c’est difficile, c’est comme ça depuis le théâtre de Babylone aujourd'hui, disparu, c’est comme ça depuis Roger Blin(1953), aujourd’hui disparu, parti retrouvé Godot qui sait, tandis que lui, Estragon attend toujours celui que vous savez, sans prendre une ride : tiens, en voilà un autre avec une canne, arrivant du fond, bondissant presque sur la scène, c’est  Vladimir. Avec leur chapeau melon, leur veste noire, on dirait Laurel et Hardy, peut-être, Charlie Chaplin, peut-être. Mais tout à l’heure, après 2h30 passé avec eux, à attendre Godot qui encore une fois fera le mystérieux et enverra à sa place son berger de fils, bondissant comme un enfant sauvage, porter la déception et l’espoir ; tout à l’heure, ils nous tourneront le dos, ils se tiendront par la main et ils s’en iront jusque sur le bord du monde, peut-être, jusque sur le seuil d’un ailleurs, peut-être, ils feront face au ciel infini comme dans un tableau de René Magritte ; tout à l’heure nous les laisserons là, nous nous en irons le cœur tout chargé d’émotion d’avoir partagé pour un temps l’humaine condition d’être dans ce temps et d’attendre nous aussi, qui sait, notre Godot.

Mais entre temps, pour aider à passer le temps, passera deux fois, l’autre couple  d’inséparables : Pozzo, le maître, et son chien Lucky, en clown idiot totalement soumis. Ils ne font que passer sans se souvenir des lieux où ils sont déjà passés. Ils sont en partance pour quelque part ou pour nulle part, ils attendent en voyageant avec des valises pleines de sable. Nous rirons de la cruauté du maître à l’égard de l’esclave, de la cruauté d’Estragon et de Vladimir à l’égard de Pozzo ; l’acceptation par l’esclave de sa condition nous laissera d’abord quelque peu circonspects puis nous l’accepterons et nous rirons. Nous serons pleinement humains.

En attendant Godot est un pur divertissement, si ce que vous avez lu ci-dessus a pu vous laisser accroire que cette œuvre recelait un sens plus profond que la Compagnie des Vagabonds, pour fêter ses vingt ans, aurait cherché à mettre en exergue alors faites comme si cela n’avait jamais été écrit, oubliez. Des vagabonds, c’est pas sérieux !

Charles Zindor

 

En attendant Godot

de Samuel Beckett
Mise en scène : Francis Azéma

Avec : Juan Alvarez, Francis Azéma, Alain Dumas, Denis Rey
et en alternance : Robin Azéma, Quentin Erhet et Noé Hermelin (2 élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse)

Scénographie : Otto Ziegler
Création lumière : Philippe Ferreira et Ludovic Lafforgue
Création costumes et accessoires : Jeanne Astruc

 

Mis en ligne le 27 novembre 2014

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