EXPOSITION SÉOUL – PARIS – SÉOUL

 

loupeNaissance de lumière de Bang Hai Ja

Franchissons les hautes grilles qui délimitent la somptueuse bien que très courte Avenue Vélasquez près du parc Monceau où se dressent de superbes hôtels particuliers. Nous voici devant le musée Cernuschi, élégant bâtiment qui appartint au financier italien Henri Cernuschi. Nationalisé français en 1871, il fonda la Banque de Paris et des Pays-Bas qui deviendra Paribas. Collectionneur d’Art d’Extrême Orient, il légua à la ville l’hôtel et les collections qu’il contenait.

L’auteur André Becq de Fouquières, dans Mon Paris et ses Parisiens. II. Le quartier Monceau, raconte :
« Je gage que les visiteurs du musée Cernuschi pensent que l'hôte de l'avenue Vélasquez ne vivait pas dans le décor qu'ils contemplent. Et pourtant il y vivait. Il vivait au milieu de ces divinités monstrueuses, entre des meubles qui étaient surtout des vitrines. (…)
Les salons étaient illuminés à l'électricité : c'était la première fois qu'une maison parisienne utilisait ce mode d'éclairage. Les femmes n'osaient pas encore se farder et, sous une lumière impitoyable, elles avaient des visages aux teints cadavériques. Vers cinq heures du matin, et sans doute pour ranimer un entrain qui commençait à se ralentir avec les premières lueurs de l'aube, M. Cernuschi se dressa tout à coup au milieu de ses invités. Il brandissait un drapeau tricolore et il entonna une vibrante Marseillaise. »

18 heures en ce mardi 25 novembre, il pleut à verse, le musée ferme ses portes mais nous avons la chance d’être reçus par Maël Bellec, Commissaire de l'exposition Séoul-Paris-Séoul consacrée aux artistes coréens contemporains ayant travaillé ou travaillant toujours en France organisée à l’occasion de l’Année de la Corée en France.

Des artistes majeurs dont les œuvres intègrent traditions culturelles et modernité occidentale par un lent processus qui s’est étalé du XIXème siècle à nos jours, certains artistes vivant encore à Paris.

Si les influences occidentales restent assez marginales au XIXème siècle, arrive avec la colonisation japonaise un style qui est celui des milieux officiels. Les artistes souffrent de la pénurie de matériaux et imaginent des techniques en utilisant ce qu’ils ont, ciment, charbon, objets industriels. Après la guerre de Corée, les artistes qui ne connaissaient les œuvres occidentales que par des reproductions en noir et blanc, partent vers le lieu phare de la production artistique, Paris.

Ce sont souvent des artistes confirmés qui ont déjà leur style propre. Un dialogue va se créer qui donneront des œuvres d’une grande variété d’expression où le modernisme et l’abstrait se mêleront à l’utilisation de la calligraphie et de matériaux traditionnels comme le papier Hanji à la qualité réputée exceptionnelle.

L’exposition présente une soixantaine d’œuvres de Pai Unsung, Rhee Seund Ja, Kim Whanki, Bang Hai Ja, Han Mook, Moon Shin, Nam Kwan, Park Seo- Bo, Kim Tschang-Yeul, Yun Hyong-Keun, Shim Kyung Ja, Chung Sang-Hwa, Paek Youngsu, Kim Guiline, Park In-Kyung, Hong Insook, Lee Jinwoo, Chae Sung-Pil, Won Sou-Yeol, Yoon-Hee, Lee Bae et surtout Lee Ung No, qui arriva à Paris en 1959 et y mourut le 10 janvier 1989. Il fonda l’Académie de peinture orientale de Paris.  Grâce à Vadime Elisseeff directeur du musée, il y donnera des cours. À sa disparition, sa veuve In-Kyung- Park et son fils Lee Yung-se prirent le relais.

Une superbe exposition où se mêlent :

travail à l’encre et lavis (Parisienne de Lee Ung No étonnante de réalisme),

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paysages éclatants (toile de Bang Hai Ja pleine de lumière),

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utilisation du charbon, (remarquable Issu du feu de Lee Bae, où le charbon est poncé et poli lui donnant des couleurs irisées et chatoyantes)

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collages divers (intéressante Composition de Lee Ung No avec du collage de coton),

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calligraphies (Poème de Yulgok et poème de Sin Saimdang par Lee Ung No).

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À voir jusqu’au 7 février.

Nicole Bourbon

 

Mis en ligne le 28 novembre 2015