EXPOSITION ANDRÉ MASSON

Musée Cantini
19 Rue Grignan
13006 Marseille
04 91 54 77 75
Jusqu’au 24 juillet 2016

 

loupe Frédéric Viguier

Au musée Cantini une visite de l’exposition Masson dans le fracas des volcans.
Sous les mots de Frédéric Viguier

Masson le torturé, le colérique, le surréaliste, le peintre en quête de lui même influencé par bien des artistes nous a été proposé d’être redécouvert par le regard d’un auteur à la verve éclatante.

Ces jours ci le musée Cantini proposait un parcours de l’exposition temporaire derrière un de leur guides et de l’auteur Frédéric Viguier.

D’entrée en matière il posait le postulat de l’artiste englué dans ses doutes et ses expressions fruit de ses tortures intérieures.

Puis il avait choisi neuf toiles pour aborder cette exposition.

Neuf toiles comme les cailloux d’un  petit Poucet balisant le chemin de la connaissance, vers son propre destin.

« Le portrait de Kleist » ouvrait le bal par une vision torturée de l’être, par la brutalité exposée.... mais au-delà de ce qui est représenté émanait aussi un élément récurent aux yeux du romancier, un volcan. Élément de la mort mais aussi de la vie qui sera le fil conducteur de cette présentation de Masson. Suivra « Oedipe », où la représentation n’est plus celle du tragique d’un poète, mais celle de la violence des mots. Puis l’autoportrait de l’artiste vu comme un crâne dégoulinant non loin de celui d’Artaud.

« Les indiennes et américa »  deux dessins proches d’un Hans Belmer, gardent selon Frédéric Viguier derrière un aspect enfantin une topographie de volcan pour l’un et le dessin d’une ville vue d’avion pour l’autre.

« Oradour », évocation d’un massacre sous les traits d’un visage englué dans la boue, évoque à notre auteur Victor Hugo notamment le front d’Olympio, cette toile il la trouve « d’ une morbidité optimiste »

Suit « Nu au soleil », un tableau qualifié d’apaisant... enfin. Puis « Antilles », toile colorée, vision d’une femme évoquée, tableau festif, jouissif où Masson semble enfin négliger ses démons.

Et pour terminer « chute des corps », qui nous plonge selon Frédéric Viguier dans la grotte Chauvet tant cette toile est proche des dessins vieux de plus de 35000 ans mais évidemment pour notre auteur là encore les volcans ont laissé leur trace.

Un parcours de deux heures dans ce lieu feutré où l’espace de ces instants ont été fulgurants comme ceux du jaillissement de la lave d’un volcan. Frédéric Viguier a su capter et captiver son auditoire proposant un parcours insolite et original dans une oeuvre  aux contours tumultueux. Allées et venues entre peinture et mots comme les éléments d’une structure créatrice dont les auteurs n’ont pas tous les concepts en main, un peintre n’étant  pas maitre des mots et un auteur n’étant pas un créateur par le pinceau. Confrontation de deux techniques, mise en relief de deux arts dans une concordance créatrice, donnant au visiteur bien des éclairages possibles, bien des fenêtres pour aller vers la connaissance, vers son propre enrichissement.

Jean Michel Gautier

 

loupe 

 

Mis en ligne le 17 mars 2016