MON LIVRE DE LA JUNGLE

 

4ème FESTIVAL DE THÉÂTRE EN FRANÇAIS DE BARCELONE

Institut del teatre

le 11 février 2020

 

Mon livre de la jungle loupePhoto ©  Corinne Marianne Pontoir

 

Voilà un spectacle citoyen et militant comme on en voit peu. Un peu documentaire, surtout dans sa première partie où sont projetées les vidéos vues partout dans les médias de ces campements sordides où des êtres humains tentent de survivre.

Témoignage aussi mais pleinement spectacle grâce à Céline Brunelle, qui nous raconte ce qu’elle a vu et vécu. Et qui le fait d’une façon fabuleuse, mêlant sa voix à de la musique, à des paroles dites entre slam et rap par le jeune égyptien Isaiah, jouant avec les images projetées, les épousant au gré d’une gestuelle parfaitement maîtrisée.

C’est beau, intense, poignant par moments mais sans jamais aucun pathos.

Sur scène, un tapis beige au sol, décor à lui tout seul, évoquant les grands espaces des landes, les trottoirs des villes, le sable des plages. Un grand écran occupe tout le fond de scène. Devant, Céline, seule, de blanc vêtu, devenant elle-même écran par moments.

Car le plus souvent image et comédienne ne font qu’un, créant des scènes magnifiques comme celle de la maison de poupée, symbolique et onirique ou encore celle de la traversée de l’Océan. Des images qu’on n’oublie pas, des enfants pieds nus sous la pluie, des baraquements précaires qui n’offrent pas vraiment d’abri. Et tous ces migrants qu’elle a rencontrés, venant de Syrie, du Pakistan, d’Afghanistan, du Soudan, du Bengladesh… Des êtres fuyant bombardements, emprisonnements et tortures, embarquant au péril de leur vie dans l’espoir d’une vie meilleure. Et pour trouver quoi à l’arrivée ? L’innommable…

D’autres images encore, de bons Français qui hurlent « La France aux Français », des charges policières, qui ramènent à une triste époque où d’autres gens étaient aussi parqués, et qu’on espérait bien ne jamais revoir. Les leçons de l’Histoire ne servent hélas jamais.

Nicole Bourbon

 

Mon livre de la jungle (My Calais story)

De et mis en scène par Céline Brunelle

Avec : Céline Brunelle

Textes des Slams: Isaiah 

Musique : Glaze Furtivo 
Vidéo : David Bru