LE GARÇON QUI NE PARLAIT PLUS
Artéphile
7 rue du Bourg Neuf
84000 Avignon
Jusqu’au 28 juillet
Jours impairs à 11h00
Conte moderne, un peu inquiétant, un peu fantastique, Le garçon qui ne parlait plus est avant tout une aventure menée par une bande de jeunes filles et garçons dans un monde inventé. Un monde qui se réduit ici au « Village ». Village particulier, comme vous allez le voir et comme on le découvre au fil du spectacle.
Dans ce village, le bonheur est de mise. Il est conseillé. Il est même obligatoire. L’argent n’y existe pas, on n’y travaille pas. On ne fait que des activités ludiques ou bien l’on s’occupe des nécessités de la commune, comme l’école. On y vit en bonne entente avec les autres, avec le voisinage, avec tout le monde. C’est comme une utopie joyeuse. On y rit. On y fait des blagues.
Et puis, il y a l’Arbre à sagesse. Une fois par mois, toute la communauté s’y réunit pour une cérémonie étrange.
La pièce raconte l’arrivée dans ce village d’une nouvelle concitoyenne et de son fils, accueillis avec un empressement exagéré de tous, y compris le maire du village, personnage important que l’on reverra souvent ensuite. Puis le fil de l’histoire nous intéresse à une bande d’enfants qui accueillent eux aussi le nouveau camarade. Qui surtout le mettent en garde contre son attitude provocatrice et des dangers qu’une telle véhémence peut provoquer. Car il y a un secret derrière ce village merveilleux et cet arbre à sagesse. Un secret que détient peut-être Rödd : c’est lui, le garçon qui ne parlait plus.
La mise en scène d’Alban Coulaud est un mélange savant de jeu d’acteur, de marionnettes, de dessins dans l’esprit bande dessinée, de changements de décor à vue et de projections sur un dispositif scénique modulable, ingénieux et parlant. Les trois interprètes, tantôt manipulateurs, tantôt acteurs, incarnent ou donnent vie à tous les personnages croisés dans cette aventure. Car la pièce raconte bien l’aventure de cinq pré-adolescents qui vont réussir à découvrir le noir secret que cache le village du bonheur obligatoire.
On passe ainsi de l’utopie à la dystopie. Car ce spectacle très dynamique, très réussi, ne se contente pas de raconter une aventure d’enfant. Ce village où le bonheur a des allures de zone sous surveillance, où la délation anonyme est un mode de maintien de l’ordre, où la parole est mise sous surveillance et même sous éteignoir, ce village ressemble à un monde sans liberté, et ce bonheur a des goût d’amertume que le sucre et les douceurs des gâteaux de la pâtisserie ne font pas disparaître.
Le texte très vivant d’Alban Coulaud s’amuse à jouer ainsi avec le réel, et l’imaginaire, ce qui fait de cette histoire un conte moderne à la fois distrayant grâce à l’utilisation des marionnettes, et instructif sur les dégâts qu’un excès d’Ordre peut faire aux libertés.
Bruno Fougniès
Le Garçon qui ne parlait plus
Texte de Thomas Gornet
Mise en scène d’Alban Coulaud
Scénographie et costumes d’Isabelle Decoux
Musique originale de Christophe Roche
Direction technique de Simon Chapellas
Avec Nadine Bechade ou Amélie Rouffanche, Paul Eguisier, Élise Hote
Mis en ligne le 15 juillet 2021
DERNIERS ARTICLES