MOTOBÉCANE

Théâtre du Roi René
4bis, rue Grivolas  
84000 AVIGNON
04 90 82 24 35

18h05

Mis en ligne le 30 juillet 2013

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Motobécane

Il y a un « seul en scène » qui fait l'unanimité et qui remplit les salles depuis trois ans à Avignon. Il s'agit de Motobécane. J'ai donc pris ma bicyclette bleue que j'ai soigneusement cadenassée devant le théâtre du Roi René et je suis allé voir.

Une mobylette bleue et un casque accrochés d'un côté et de l'autre d'un plancher pentu plantent le décor d'une chambre à barreaux, une cellule de prison où s'est retrouvé Monsieur Motobécane pour avoir recueilli Amandine âgée de huit ans qui fuyait le cercle familial pas très tendre avec elle. Grossière erreur de ce rêveur au cœur chaviré car chacun sait qu'on ne badine pas avec une mineure.

Dans sa cellule il écrit à haute voix sur son cahier d'écolier l'authentique histoire de leur rencontre et se défend maladroitement de ses accusations. Pièce inspirée d'une histoire vraie, faits divers que l'on lit rapidement après avoir parcouru les pages sportives mais qui est devenu « Le Ravisseur » roman de Paul Savatier.

Il faut, il est vrai, un certain talent à Bernard Crombey pour endosser le costume de cet Hugolin de Picardie qui sillonne de long en large le département à la recherche d'étiquettes de bouteilles de vins millésimés et pour nous convaincre avec son accent ch'ti à couper à la betterave de ses bonnes attentions vis-à-vis de la fillette. Le style sent la misère sociale et affective, la mauvaise bière et les petites violences de la campagne profonde.

À voir certains spectateurs accrochés aux pages de son cahier de confessions, la larme au bord des cils, le souffle court chargé d'émotion, on pourrait penser que le pari est gagné pourtant le ton monocorde de ce texte qui mériterait par moment le surtitrage fatigue assez vite. On peut se laisser aller à quelques tendresses pour ce personnage un peu gauche mais son enfermement scénographique rend indigeste son histoire. Il y manque un peu de lumière dans cet univers blafard car enfin c'est un cri d'amour qu'il veut lancer à la face des gens, une réflexion sur les préjugés et j'aurais aimé que parfois il hurle ses mots, qu'il les vomisse pour sortir d'un contexte poétique qui n'a pas lieu d'être dans ce qui reste un drame.

 

Patrick Rouet

 

 

Motobécane

Auteur : Bernard Crombey d'après l'œuvre de Paul Savatier.

Avec : Bernard Crombey.

Mise en scène : Catherine Maignan et Bernard Crombey.
Scénographie et lumières : Yves Collet.

 

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