LA COMPAGNIE DES SPECTRES

Le chêne noir
8 bis, rue Sainte-Catherine
84000 Avignon

18h00

Merci de cliquer sur "J'aime"

La compagnie des spectres

« Emportez, monsieur (...) emportez tous ces meubles qui meublent notre rien, emportez tant que vous y êtes ces spectres qui m'accablent de reproches jusque dans mes cauchemars et m'obligent à dormir lumière allumée, emportez mes souvenirs, mes chagrins, mes sottes illusions, mes croyances stupides, et la voix de mes morts, vous pouvez tout emporter, monsieur, vous ne pourrez jamais emporter mes désirs, c'est Epitècle qui l'a dit et je l'approuve à cent pour cent... ».

Un inventaire. Un double inventaire. Celui que fait l'huissier du pauvre mobilier d'une mère et sa fille avant une expulsion. Et l'inventaire des fantômes du passé.

L'histoire et l'Histoire. Toujours intimement mêlées.

Le texte fort, celui de Lydie Salvayre, très imagé, empreint de subtilités, avait depuis longtemps attiré l'attention de Zabou Breitman qui n'a eu de cesse de l'adapter pour la scène.

Le résultat est époustouflant.

Seule en scène, elle s'approprie les mots de l'auteur avec une maestria, un souffle, une précision, une grâce impressionnants de naturel, soulignés d'un grain de folie ravageur.

Toujours vêtue de sa petite robe très années 40, sensibilité à fleur de peau, elle endosse tous les personnages, la mère, la fille, la grand-mère, l'huissier, plein d'autres encore, miliciens et autres collabos et même le Maréchal Pétain ! Mêlant style direct et indirect, humour et tragédie, situations cocasses et dramatiques avec le même bonheur. Sans jamais forcer le trait. Ce n'est pas la performance qui est ici recherchée (et pourtant elle est là) mais l'authenticité.

Et on y croit. Et jamais on ne se perd dans ce puzzle insensé où se mêlent passés et présent.

Non seulement interprète, Zabou assure aussi la mise en scène. C'est dire si elle maîtrise parfaitement son sujet, l'a tourné et retourné dans tous les sens pour en extraire la « substantifique moelle ».

Et le moindre détail fait sens. Les scènes fortes s'enchaînent qui vont durablement marquer les esprits tel cet incroyable tango avec la marionnette du Maréchal Pétain. Il en faut du talent, de l'expérience, de la maîtrise pour oser une telle scène et la réussir.

Quand intelligence du texte, de l'interprétation et de la mise en scène s'unissent ainsi on ne peut que s'incliner et dire « Chapeau bas ».

 

Nicole Bourbon

 

 

La compagnie des spectres

de Zabou Breitman d'après le roman de Lydie Salvayre

Avec : Zabou Breitman

Metteur en scène : Zabou Breitman
Assistante à la mise en scène : Marjolaine Aizpiri
Décor : Jean-Marc Stehlé
Assisté de Arielle Chanty
Création lumière : André Diot
Son : Laury Chanty

 

Version imprimable (PDF)