Le tableau de Dali, Cabinet anthropomorphique, représente un homme allongé, tête baissée, bras tendu et dont le thorax est composé de tiroirs ouverts, représentation symbolique de la mémoire.

La compagnie TTC Dance s'en est emparé et nous livre un superbe ballet.

Des tiroirs blancs empilés. Trois danseuses un danseur.

Pendant une heure, ils vont s'emmêler, se séparer, les corps roulent, s'enroulent, se déroulent, jouent avec les tiroirs qui paraissent ne faire qu'un avec leurs corps.

Les mouvements sont lents, soigneusement étudiés, les mains caressent, s'envolent, les têtes s'appuient, les corps s'emboîtent

Puis le mouvement s'accélère, des projections floues et colorées dansent sur le drap blanc tendu en fond de scène.

On se laisse porter, emporter par cette gestuelle d'une beauté absolue, à la fois d'une grande pureté et d'une sensualité troublante, accompagnée parfois quand la bande son s'interrompt, du léger bruit des blocs qui s'entrechoquent ou glissent sur le sol.

D'une haute technicité en même temps que d'une extrême simplicité, ce ballet nous entraîne hors du temps, hors du monde connu. On ne sait plus si les corps sont devenus objets ou si les objets font partie du corps.

Un moment inoubliable.

 

Nicole Bourbon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Body Platform

Chang Ting-Ting
Compagnie T.T.C.Dance

Avec : Yu-Chieh Lee, Yun Yeh, Ying-Chih Chen, Tong Hsu, Chiu-Miao Kuo, Chi-Wu Chang

Régie générale : Ting-Chung Chang
Régie multimedia : Chi-Min Hsieh
Design visuel : Ai-Yun Hsu
Dir. artistique : Ting-Ting Chang