EFFROYABLES JARDINS

Au théâtre Notre Dame à 12 h 30

13 rue du collège d'Annecy
84000 - Avignon


Photo J.Michel Paret

Il serait simpliste de résumer « Effroyables jardins », tiré d'un court roman de Michel Quint, à un spectacle pour un comédien. Pourquoi ?  D'abord parce que le travail de Marcia de Castro est sobre et efficace, donnant à voir et pas seulement à entendre une histoire et des personnages.

Ayant également engendré un film, signé Jean Becker, « Effroyables jardins » nous parle d'un enfant qui n'aime pas les clowns. Devenu haut fonctionnaire européen, il revient, pour nous, sur l'origine de cette aversion : son père André, quand il était enfant, « faisait » le clown, mais un clown minable, un clown aux effets usés, bénévole qui plus est. C'est Gaston, le cousin du père qui va révéler toute la vérité. André et lui ont en commun un passé de résistant et, suite à un attentat qu'ils avaient commis, le hasard a voulu qu'ils soient pris  comme otages, avec deux autres, par les Allemands.

Dans cette fosse où ils sont prisonniers, leur moral baisse à vue d'œil, – baisserait, plutôt, mais le soldat qui les garde se livre à des pitreries (jonglages, gags) tout en s'efforçant d'adoucir leur captivité.  Leur suggérant, même, un moyen de ne pas entrer dans le jeu de leurs bourreaux. La suite, –nous vous laissons le soin de la découvrir. Toujours est-il que la scénographie et les éclairages (très présents et réussis) servent au mieux le propos. Le suspense est là et l'émotion. Et le rire aussi, au hasard d'une trouvaille visuelle ou verbale.

Déjà interprète de Kafka (La colonie pénitentiaire) et de Zweig (Le joueur d'échecs) André Salzet se glisse avec gourmandise et sensibilité dans la peau des différents personnages. Il est l'enfant qui rêve d'une belle voiture (et d'un père plus « recommandable ») le fonctionnaire neutre et policé. Il est le cousin Gaston, à l'accent ch'ti, aux mimiques étonnées et à la faconde inépuisable. Il est surtout, lunaire et chaplinesque, l'Allemand clown qui, nous dit-on, aurait réellement existé.

Cette histoire va plus loin qu'on ne pense. Elle fait frémir mais donne en même temps à réfléchir. A l'humanité, à la souffrance, à l'espoir, bien sûr.

 

Gérard NOEL

 

Effroyables jardins, de Michel Quint,

Mise en scène et adaptation de Marcia  de Castro

Avec André Salzet