UNE MARIÉE À DIJON

Théâtre de l’aquarium 
La Cartoucherie
Route du Champ de manoeuvre
75012 Paris
01 43 17 99 61

Jusqu’au 21 février
du mardi au samedi à 21h00
dimanche à 19h00

 

Une mariée à Dijon loupe Crédit photo Hervé Bellamy

Voici un spectacle qui est d’une forme extraordinaire. Il s’agit en fait d’un souper-spectacle créé par la Revue Eclair.

Ici, pas de séparation entre le public et les interprètes. Pas ce côté clair/obscur. Sur scène, huit tables sont disposées en étoiles autour d’un petit podium rond. Les tables sont dressées : verres, couverts en métal lourds et anciens, assiettes disparates en porcelaine, carafes d’eau, bouteille de jus de fruits… de l’authentique…

Le public s’installe à ces tables. Un petit menu est disposé pour chaque convive. On peut se servir à boire, parler, regarder les autres tables comme ils sont les autres gens, le temps que l’on nous serve une petite salade de saveurs que l’on déguste en écoutant le récit de cette comédienne qui vient d’entrer et raconte.

Elle raconte un autre repas qui eut lieu en 1929, à Dijon, « Aux Trois Faisans ». C’est un récit autobiographique. Un souvenir. Le souvenir d’une révélation gastronomique faite par une américaine et son mari. Révélation gustative, sensuelle, paradoxale par moment avec ces ambivalences qui existent dans les rapports à la nourriture et sa préparation qui parfois provoque la répulsion, parfois la fascination. Bref, un récit chargé d’émerveillement papillaire, sorte d’initiation au goût mais aussi, éblouissement esthétique pour l’excellence déployée dans le service fait à cette table par le garçon, un certain Charles.

Puis, la petite salade dégustée et le premier récit achevé, les tables se voient chargées de belles, joufflues et ornementées soupières. On soulève les couvercles et les vapeurs sucrées montent dans la lumière. L’homme qui vient d’apporter ce velouté nous explique qu’il s’agit d’une soupe de courges. Des courges qui ont été semées et ont poussé dans le potager du Château de la Roche-Guyon dans le seul but d’être cuisinées pour ce spectacle. Sur le menu on lit : Butternut, Pâtisson, Romarin… Et la comédienne revient, l’œil toujours brillant du plaisir de raconter égal au plaisir gustatif et anecdotique qu’elle évoque. Corine Miret saupoudre ses mots et ses gestes d’une sensualité fine, épanouie, comme un feu qui couve lentement dans l’âtre. Souriante, élégante, chargée d’une nostalgie amusée, elle nous raconte la deuxième partie du voyage de cet américaine à Dijon et un autre repas pris quelques années plus tard à ce même restaurant Aux Trois faisans. Récit drolatique, serein, interrompu parfois par les mélopées douces ou tranchantes du violoncelle enlacé par Didier Petit.

Tandis que les dernières lampées savoureuses du velouté disparaissent et que l’on apporte le dessert, une compote fraîche d’un mélange pomme-poire d’un délice… l’histoire finit sous les applaudissements d’un public fatalement contenté.

Bruno Fougniès

 

Une mariée à Dijon loupe 

Une mariée à Dijon

D’après deux récits De Mary Frances Kennedy Fisher
Traduction de l’américain Béatrice Vierne (Éditions Du Rocher)
Adaptation et mise en scène Stéphane Olry
Scénographie d’après une idée de Meggie Schneider
Lumière Sylvie Garot

Avec
Récit : Corine Miret
Violoncelle : Didier Petit

 

 

 

Mis en ligne le 8 février 2016