UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR

 

Théâtre La Scène Parisienne
34, rue Richer
Paris 9e
01 40 41 00 00

Jusqu’au 12 avril 2020,
du mardi au samedi à 21h, dimanche à 19h

 

Un tramway nommé désir loupe 

 

On connaît en France le film D’Elia Kazan, avec Marlon Bando et Vivien Leigh en têtes d’affiche, on connaît un peu moins la pièce de Tennessee Williams d’où en a été extrait le scénario. L’intrigue n’est pas foncièrement différente : Blanche Dubois en rupture de tout, bourgeoise de classe moyenne quasi ruinée, débarque chez sa sœur, Stella à la Nouvelle Orléans. Celle-ci a fait un mariage d’amour avec un ouvrier, Stan, immigré polonais. Durant toute la pièce, les deux sœurs vont vivre une série de rivalités, amoureuses, sociales et affectives où tous seront bientôt emportés.

Marlon Brando et sa sensualité à fleur de peau et Vivien Leigh toute scintillante de pure beauté incarnent Stan et Blanche dans le film d’Elia Kazan. Kazan fait de cette danse de séduction entre la félinité et la grâce le centre de son intrigue. Ici, dans la mise en scène de Manuel Olinger, l’accent est aussi mis sur le couple marié, Stan et Stella, leurs rapports bouillants mais aussi et surtout violents. Stan est ici le stéréotype du mâle dominant, capable de rouer de coups sa femme si jamais elle le contrarie.

La nouvelle venue dans ce couple qui vit dans une pièce unique faute de moyens, va semer le désordre. Les habitudes bourgeoises de Blanche, ses manières, ses vêtements coûteux mettent en lumière la simplicité des lieux, leur pauvreté. Elle est une incongruité dans ce quartier populaire de la ville du jazz. Elle est aussi une énigme pour tous, curieux de savoir ce qui la fait résider ici si longtemps.

La mise en scène de Manuel Olinger (qui joue également le rôle de Stan) s’inspire des habitudes de l’Actors Studio (fondé entre autres par Elia Kazan) en recherchant dans toutes les scènes un jeu réaliste et incarné. Dans un décor qui cherche lui aussi à représenter réalistement la pièce de vie où se déroule la plupart des scènes, il réussit à donner un rythme soutenu à la pièce, un rythme qui s’alanguit par moment à cause d’un éclairage trop répétitif. Les ambiances nocturnes perdent ainsi en mystère.

Les interprètes sont tous très impliqués. Ils réussissent à créer des personnalités intéressantes et originales, en particulier Gilles-Vincent Kapps qui incarne le personnage de Mitch avec sensibilité et intensité et à Murielle Huet Des Aunay qui donne au personnage de Stella une vitalité faite à part égale de fragilité de force.

Les interstices musicaux, joués au saxo et à l’ukulélé par deux des acteurs, renvoient au monde du jazz New-Orleans et donnent des moments de répits à cette intrigue pleine de tensions, qui mènent directement à la folie.

Dans cette version pleine de vie, ce que l’on perd de la sensualité de l’étouffante fournaise New Orléans du film de Kazan, on le gagne en sens et en intensité dramatique.

Bruno Fougniès

 

Un tramway nommé désir

De Tennessee Williams

Mise en scène : Manuel Olinger
Adaptation : Pierre Laville
Lumière : Théo Guirmand

 Avec : Julie Delaurenti, Manuel Olinger, Tiffany Hofstetter Ou Murielle Huet Des Aunay, Philipp Weissert Ou Gilles Vincent Kapps, Jean-Pierre Olinger