TRAHISONS

Théâtre Le Proscenium
2, passage du bureau (angle du 170 rue de Charonne)
75011 Paris
01 40 09 06 77

Jusqu’au 14 décembre
Tous les dimanches à 15h00  

 

loupe

 

Prix Nobel de littérature en 2005, considéré comme l’un des plus grands auteurs de théâtre du XXe siècle avec Brecht et Beckett et auteur d’une trentaine de pièces, Harold Pinter est très fréquemment joué, notamment en France.

À Paris, cette saison, après Trahisons au Théâtre du Vieux-Colombier, Dispersion au Théâtre de l’Œuvre, Le gardien à l’Aktéon Théâtre, c’est au tour du Théâtre Le Proscenium de nous offrir, dans la mise en scène de Christine Fodor, une nouvelle version de Trahisons.

Créée en 1978, la pièce reprend  la thématique éculée du théâtre de boulevard avec son triangle amoureux – le mari, la femme et l’amant –, sauf que le traitement en est totalement différent.

Ici, point de comique burlesque mais une analyse en profondeur des échanges amoureux et amicaux – l’amant est le meilleur ami du mari – et de la façon dont les liens qui unissent les différents protagonistes se délitent au fil du temps, au moyen d’une stratégie narrative originale.

L’intrigue est en effet contée à rebours, commençant par la fin de l’aventure pour aboutir, tableau après tableau, à la naissance de la liaison entre Emma, épouse de Robert, et Jerry, meilleur ami de Robert.

Cette remontée du temps a pour effet de souligner l’hypocrisie des personnages, en reconstituant leur itinéraire fait de duplicité et de trahisons, et le caractère dérisoire des histoires d’amour.

Contrairement au titre anglais, où le mot Betrayal se trouve au singulier, en français, le mot trahison est au pluriel. Volonté du traducteur d’insister sur le caractère de trahisons multiples, dans une histoire où le mari n’est pas le seul à être trahi ?

Tout le monde en effet trahit tout le monde : Emma trahit Robert, Jerry trahit également Robert, son meilleur ami, mais aussi sa propre femme Judith, jamais présente bien que souvent évoquée. Emma trahit Jerry en lui cachant que Robert a appris leur liaison ; Robert trahit Emma en la trompant abondamment. Il trahit Jerry en continuant de jouer le jeu de l’amitié alors qu’il sait, et en dissimulant ses liaisons alors qu’on est censé tout dire à un ami véritable. Et l’on a tout lieu de croire qu’au jeu de la trahison, Judith n’est pas en reste !

La mise en scène épurée, la justesse du jeu des comédiens, la sobriété des costumes et des décors, restituent à merveille l’univers bourgeois des personnages où seules comptent les apparences.

Le Théâtre Le Proscenium, qui compte à peine une quarantaine de places, est le cadre idéal pour cette pièce intimiste, et la proximité avec les comédiens un atout certain pour le spectateur à qui n’échappe aucun des états d’âme que reflète la physionomie des personnages.

Élishéva Zonabend

 

Trahisons

d’Harold Pinter
Mise en scène : Christine Fodor

Avec : Anne-Marie Petit, Michel Barroco, Gilles Darras

 

Mis en ligne le 10 décembre 2014

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