SI ON RECOMMENÇAIT

Comédie des Champs Élysées
15, av Montaigne
75008 PARIS
01 53 23 99 19

Jusqu'au 2 novembre
Du mardi au samedi à 20h30
Dimanche 16h00

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Mis en ligne le 11 octobre 2014


Photo Lisa Lesourd

Après être parti ces derniers temps sur d'autres routes, celles qui nous promènent au travers de vies ayant réellement existé, celles des Einstein, Feydeau, Guitry, Éric-Emmanuel Schmitt revient à ses premières amours avec ce nouvel opus de la même veine que Le visiteur, ce grand succès d'il y a une vingtaine d'années.

Avec son imagination toujours aussi féconde, sa capacité à créer des personnages desquels on peut se sentir proche, et son style particulier qui mêle répliques humoristiques, saillies spirituelles et réflexions philosophiques, il nous présente – mettant la diction des comédiens à rude épreuve – Alexandre, surnommé Sacha, Suchet, homme d'une soixantaine d'années qui, à la suite d'un coup sur la tête, va faire un bond de quarante années en arrière et revivre une journée décisive pour lui.

Dans un très beau décor signé Stéfanie Jarre style maison de famille cossue, avec profusion de fleurs et une vieille grille en fer forgé, face à face le jeune et le plus âgé Sacha vont se côtoyer, s'affronter, se questionner pendant une heure et demie d'échanges savoureux qui déclenchent immanquablement les rires, bien servis qu'ils sont par la mise en scène de Steve Suissa qui connaît sur le bout du doigt et maîtrise parfaitement l'univers de l'auteur.

Michel Sardou prête sa chevelure argentée, sa solidité, sa stature d'homme qui a vécu, son indéniable présence à Sacha Sénior, les trois jeunes femmes, Dounia Coesens, Florence Coste et Katia Miran sont fraîches et vives comme il se doit. Anna Gaylor force l'admiration en reprenant en peu de temps le rôle de Françoise Bertin, hospitalisée. Un évènement traumatisant qui a sûrement perturbé l'ensemble de la troupe, occasionnant un léger ralentissement de rythme avec parfois quelques silences nécessaires heureusement bien gérés par ces comédiens aguerris et qui devront vite disparaître au fil des représentations.

Mais celui qui a été pour moi la véritable révélation de la pièce, c'est indéniablement Félix Beaupérin, un Sacha Junior qui possède la fougue de la jeunesse, l'art de bien placer et lancer ses répliques et de se tenir en scène, emplissant l'espace avec un naturel confondant, ne lâchant pas un pouce de terrain face à ce monument de la scène qu'est Michel Sardou.

On rit beaucoup, l'auteur ayant délibérant choisi de privilégier la comédie, j'ai regretté pour ma part que le côté philosophique de la situation ne soit pas plus approfondi, que le jeune Sacha ne pose pas plus de questions, que Sacha Senior n'ouvre pas plus de perspectives.

Et pour me montrer chichiteuse jusqu'au bout, un petit détail m'a gênée : qu'on ne retrouve pas à la fin les meubles recouverts de housses comme au début.

Mais ce sont peccadilles qui n'empêchent pas l'ensemble d'être bien écrit, divertissant et efficace. Et de se poser en sortant la question : que ferais-je s'il m'était donné de revenir en arrière ? Que changerais-je dans le cours de ma vie ?

Nicole Bourbon

 

Si on recommençait

De : Éric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène : Steve Suissa
Décor : Stéfanie Jarre
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Costumes : Pascale Bordet
Musique et sons : Maxime Richelme
Assistante à la mise en scène : Stéphanie Froeliger

Avec : Michel Sardou, Félix Beaupérin, Dounia Coesens, Florence Coste, Katia Miran, Anna Gaylor