ROBERTO ZUCCO

Théâtre Gérard Philipe
59, bd Jules Guesde
93 – Saint-Denis
Tel : 01 48 13 70 00

Jusqu’au 20 février 2016 et en tournée
Du lundi au samedi à 20H et dimanche à 15h30
(Relâche le mardi)

 

Roberto Zucco loupe Photo © Jean-Louis Fernandez

Tout ce qui sort d’un Centre Dramatique National est béni (ou presque) ! Et si, en plus, l’auteur s’appelle Bernard-Marie Koltès, on touche quasiment au sacré ! Dans ces conditions, comment ajouter sa voix à la chorale de louanges, surtout quand elle est légèrement dissonante… Mon critère d’appréciation est simple, « touchée, pas touchée » et en l’occurrence je ne l’ai pas été !

Pourtant, le texte est là, le décor, la scénographie et la mise en scène aussi mais pas l’émotion. Fragments de vies, séquences hachées prises en cours de route, personnages sans identité qui se confrontent par hasard, jeux de lumières aveuglants ou sombres, tout est orchestré pour perdre le spectateur. À l’image du héros central, Roberto Zucco, énigmatique, sans psychologie, imprévisible et à la dérive. Inspiré de la cavale en France d’un jeune tueur en série italien à la beauté insolente, cette dernière pièce de Koltès interroge sur le mystère du « déraillement » sans y répondre. Pourquoi, un jour, sans raison apparente, un individu « déraille » ? « Cette pièce installe un tragique du hasard, de l’inexplicable et de l’incontrôlé », déclare le metteur en scène.

En ce sens, le travail de Richard Brunel est réussi. Pio Marmaï, qui crève les planches comme l’écran, incarne fiévreusement cet animal traqué et disloqué dans sa tête. Et, étrangement, il dégage une humanité que l’on ne ressent pas chez les autres protagonistes de la pièce, à part quelques-uns comme la gamine avide d’aventures en rébellion contre sa pathétique famille ou la mère de Zucco. Parti pris de Richard Brunel ? Encore un mystère accentué par un ballet incessant de corps en luttes et en mouvement évoluant dans un espace perpétuellement redessiné grâce à un ingénieux dispositif de passerelles et de parois coulissant au gré des tableaux et des errances.  

Au final, émouvoir le public n’est peut-être pas l’objectif de cette œuvre mais plutôt le perdre dans un labyrinthe d’où personne ne revient… Donc à voir, ne serait-ce que pour Pio Marmaï, une évidence dans ce rôle, et également pour pénétrer, ou pas, un univers irrationnel entre poésie brute et mystère.

« Le théâtre, c’est le contraire de la vie », disait l’auteur, alors ne boudons pas une opportunité de se projeter entre ciel et terre.

Patricia Lacan-Martin

 

Roberto Zucco

De Bernard-Marie Koltès
Mise en scène : Richard Brunel
Dramaturgie : Catherine Ailloud-Nicolas
Scénographie : Anouk Dell’Aiera
Lumière : Laurent Castaingt
Costumes : Benjamin Moreau
Son : Mickaël Selam
Coaching vocal : Myriam Djemour
Conseil acrobatie : Thomas Sénécaille
Coiffures et maquillages : Christelle Paillard
Assistante à la mise en scène : Louise Vignaud
Réalisation des costumes : Dominique Fournier assistée de Barbara Mornet
Réalisation des décors : Ateliers du TNP sous la direction de Laurent Malleval
Chef peintre : André Thöni
Régisseur général : Nicolas Hénnault

Avec : Axel Bogousslavsky, Noémie Develay-Ressiguier, Evelyne Didi, Valérie Laroque, Pio Marmaï, Babacar M’Baye Fall, Laurent Meininger, Luce Mouchel, Tibor Ockenfels, Lamya Regragui, Christian Scelles, Samira Sedira, Thibault Vinçon, Nicolas Henault

 

En tournée :
Théâtre de Caen : du 2 au 4 mars 2016
CDN Orléans/Loiret/Centre : du 10 au 12 mars 2016
La Comédie de Clermont : 17 et 18 mars 2016

 

Mis en ligne le 6 février 2016