RING

 

À la Folie Théâtre
6, Rue de la Folie Méricourt
75011 Paris
Tél : 01 43 55 14 80

Jusqu’au 29 février
tous les vendredis et samedis à 19h30

 

Ring loupe 

 

Léonore Confino est cette jeune auteure franco-suisse née en 1981 dont la première pièce, « Ring », fit un certain bruit en 2009 : elle y portraiturait d’une plume acide des couples, dans leur vie de tous les jours, et principalement leurs conflits. C’est cette même pièce que Patricia Lacan-Martin met en scène. Première originalité, l’image du lit-ring a été laissée de côté… ici, et c’est très bien. On se contente d’un gong entre chaque « reprise » et les deux comédiens changent sans arrêt de personnage. Chacun en joue donc une quinzaine… avec une nette proportion de Camille, dans les prénoms. On a droit à tout : Adam et Ève s’imposait, comme scène inaugurale. Puis il va s’agir de parents débordés, de scènes de drague maladroites, de ruptures plus ou moins (souvent moins) bien vécues. Léonore Confino brasse large : elle emprunte à toutes les classes sociales avec une légère prédilection pour les couples mal « assortis » socialement. Certaines scènes sont de simples sketches, prétexte à rire, sans plus. D’autres ont une acuité psychologique plus forte. D’autres, enfin, sont de véritables petites pièces qui tournent court, mais dont on aurait bien imaginé un traitement plus développé. Par exemple cette histoire d’épouse qui se sent « invisible » et à qui son mari propose de fuguer une semaine, pour qu’il lui arrive « quelque chose ».

Même s’il y a quelques facilités dans le texte : — Tu es dégoûtant ! — Tu ne me goûteras plus ! ou encore — Je voudrais disparaître… — Eh bien, disparais ! l’ensemble est inspiré, avec ce qu’il faut d’humour ou d’émotion pour que tout le monde y trouve son compte. L. Confino excelle dans la vacherie ultime, celle que l’on profère au moment de la rupture pour avoir le dernier (bon) mot. — Je veux te voir mentir en face, clame l’homme dont l’amie, infidèle, refuse de sortir de la salle de bain.

La mise en scène est habile et les objets (table, lit, chaise…) servent le propos sans encombrer. Les changements de tenues, faisant exister les personnages sont bien venus, puisqu’on se demande qui va paraître, pour la séquence suivante. Et, en général, on est surpris agréablement, tant les deux comédiens savent se renouveler et faire vivre, qui un chirurgien, qui une lectrice de « Cosmo », un chômeur ou encore une adepte du yoga plutôt allumée. Dans l’exercice, Nadège Houlier et Benjamin Lacan font des prodiges : ils sont justes et drôles et un léger vertige nous prend, à la fin, en repensant à toutes les ambiances qu’ils ont créées, à tous ces couples auxquels ils nous ont fait croire.

Gérard Noël

 

Ring

De Léonore Confino.
Mise en scène : Patricia Lacan-Martin.

Avec : Nadège Houlier, Benjamin Lacan.