QUE FAIRE ? (le retour)

Au théâtre de la Colline
15 rue Malte-Brun
75020 PARIS
01 44 62 52 52   
Jusqu'au 22 juin 2013
du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le   dimanche à 15h30.
Séance supplémentaire samedi 22 juin à 15h30


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Que faire

Le point de départ du spectacle est un couple dans une cuisine. La femme se passionne pour un livre, au point d'en perdre le boire et le manger. De bâcler son repas, de l'expédier. Formidable numéro de Martine Shambacher. De là, son mari  s'intéressant à son tour aux livres (en fait, elle lisait du Descartes, un choix qui se défend) les voici qui font entrer des masses de bouquins. Et qui, suite curieuse, se mettent à se demander quoi conserver de tout ceci. Et vas-y que je te balance celui-ci, que je t'écarte celui-là,… rires complices du public  qui  a tout compris, qui a les codes, lui, et qui jette un regard condescendant sur ces malheureux saisis à la fois par la culture et par l'engagement politique.

Les clowns font exprès les idiots pour que les enfants se sentent plus intelligents qu'eux. Ici, le principe est le même. Il y a, dans cette pseudo-connivence, un côté démago. Parfois mal estimé. Ah, ce silence pesant, dès que la pensée (celle de Descartes ou de Kant,… pas celles des auteurs de la pièce)  dépasse un peu le niveau communément attendu !

Histoire de préparer la fin, le couple sauve quand même « Le Capital » de Marx, ainsi que l'œuvre maîtresse de Lénine, le fameux « Que faire ? «  qui donne son titre à la pièce. Il les range dans un placard éclairé déjà comme un mini-autel. Sans commentaire.

De là, nos Bouvard et Pécuchette s'interrogent sur l'art abstrait. Nouveaux rires. Puis sur la démocratie et les droits de l'homme… les révolutions française et russe ne leur ayant pas suffi. C'est, si l'on comprend bien, un état des lieux de la conscience, bonne si possible. Ce fourre-tout accueille encore une performance culinaire caricaturée, un discours politique véhément (et applaudi) ainsi que des chansons : Anne Sylvestre, Léo Ferré …apportent ainsi leur concours involontaire à l'entreprise.

L'espace est fonctionnel, un cinquième pour la cuisine, le reste étant modulable. La mise en scène tourne rond, son responsable (aussi auteur) ayant des idées et les exploitant au mieux.

Tout ceci serait un peu vain si, comme souvent, ce n'était sauvé par les comédiens. Ils font tout passer et jouent, eux, avec intensité et folie ces deux personnages saisis par la pensée. François Chattot est impérial, il défendrait n'importe quoi qu'on s'y laisserait prendre et qu'on en redemanderait. C'est un clown, aussi à l'aise dans le sérieux que dans la parodie la plus débridée. Sa comparse déjà citée, Martine Schambacher est brillante : c'est un elfe vibrionnant, une ménagère plus vraie que nature qui s'interroge sur ses interrogations, et finit par mettre tout le monde dans sa poche en chanteuse réaliste à perruque et robe rouges. Par eux, principalement, le spectacle existe. Ils font mieux que le défendre, ils le transcendent.

 

Gérard Noël

 

 

Que faire ? (le retour)

Textes : Jean-Charles Massera, Benoît Lambert (et invités…)
Mise en scène : B. Lambert.

Avec Martine Schambacher, François Chattot.

Scénographie et lumières : Antoine Franchet.
Costumes : Violaine L. Chartier
Création sonore : Yann France, Jean-Marc Bezou.
Travail chorégraphique : Véronique Ros de la Grange.
Travail vocal : Pascal Sangla
Assistant à la mlise en scène : Maxime Contrepois.

 

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