PRÉSENTS PARALLÈLES

Théâtre de la Reine blanche
 2 bis passage ruelle
75018 Paris
01 40 05 06 96

Jusqu’au 3 novembre 2016
Du mardi au samedi à 20h45

 

Présents parallèles loupe 

Je voudrais commencer en saluant le courage d’Élisabeth Bouchaud qui a repris la Reine Blanche et n’a de cesse d’y présenter des œuvres exigeantes. C’est ainsi qu’elle nous donne à voir en ce moment « Duras de tout de rien de rien du tout » et « Présents parallèles » de Jacques Attali.

Ces « Présents parallèles » est ce qu’on appelle une uchronie, technique qui met en parallèle plusieurs possibles.

En l’occurrence, ici nous assistons à une pièce de théâtre qui raconte une pièce de théâtre qui raconte une pièce de théâtre, navigant entre plusieurs époques, 1943, un 2016 imaginaire où les nazis ont le pouvoir et un 2016 réel.

Une histoire sans véritablement de début ni de fin puisqu’elle supprime toute linéarité de temps.

Christophe Barbier, l’homme à l’écharpe rouge, met en scène, et j’imagine que cela n’a pas dû être facile.

Comme n’est certainement pas simple pour les comédiens, d’être les comédiens qui jouent les comédiens qui jouent les comédiens ; vous suivez ?

C’est un peu alambiqué, on peut y voir un brillant puzzle virtuel ou un vain exercice de masturbation intellectuelle.

Car grâce à la mise en scène très réussie de Christophe Barbier qui utilise intelligemment maintes astuces notamment de décor bien pensé pour tenter de guider le spectateur dans ces rebondissements temporels et au talent indéniable des trois comédiens qui jouent sur le registre du jeu et des changements à vue de costumes pour ne pas trop nous perdre, on arrive effectivement à suivre peu ou prou les différentes étapes.

Mais si le principe de base certes fascinant est intégré, l’ensemble paraît un peu gratuit, restant simplement un exercice de style qui a dû certainement amuser Jacques Attali qui n’aime rien tant que surprendre son monde et possède, il faut le lui reconnaître, une plume alerte.

Une façon de régler quelques comptes mais sans apporter rien de nouveau, oui des artistes ont collaboré pendant la dernière guerre, on le sait tous, oui, le public préfère « pleurer au cinéma et rire au théâtre » et voir sur scène les vedettes de la télévision plutôt que des comédiens formés au Conservatoire ou à la Comédie Française, oui seul l’amour est intemporel,  oui lorsqu’on propose un spectacle plus « intellectuel » on s’expose à jouer devant des salles vides (démonstration réussie, la preuve !)

Si bien qu’on ne peut s’empêcher en sortant de se dire « Tout ça pour ça ».

Nicole Bourbon

 

Présents parallèles

Comédie de Jacques Attali,
Mise en scène de Christophe Barbier,
Lumières de Christophe Barbier et Paul Hourlier
Création sonore Stéphanie Gibert
Construction décor : Pascal Crosnier-Beretti.
Peintre décoratrice : Myrtille Pichon.
Costumes : Colombe Lauriot-Prévost

Avec :  Jean Alibert, Marianne Basler, Xavier Gallais

 

Mis en ligne le 15 octobre 2016