PEUR(S)

Étoile du Nord
16 Rue Georgette Agutte
75018 Paris
01 42 26 47 47

Jusqu’au 2 mars 2019
À 20h30 les mardis, mercredis, vendredis.
À 19h30 les jeudis et samedis

 

Peur(s) loupePhoto © Eric Michot

Tout part d’une histoire vraie, celle du matricule 10005 (le numéro a été gardé) détenu entre 2002 et 2009 à Guantanamo. Les conditions de sa détention, sa vie, mais surtout le "pourquoi" de cette détention, voilà ce qui est au coeur de la pièce. L’auteur et la metteuse en scène se sont intéressés également à l’avocat de cet homme : à ce qui l’avait amené à devenir avocat, à son épouse, sa vie, ses combats. Voulant embrasser large, ils ont  également tenus à mentionner, à faire exister une histoire : celle des injustices, dans l’Histoire avec un grand H. Quelques emprisonnements sans jugement ou à partir d’un jugement faussé. À des erreurs judiciaires.

Le pari est osé.

Il est tenu ou à peu près.

On s’étonne, bien sûr, de l’a priori de mise en scène, qui fait voisinner le prisonnier de Guantanamo en combinaison orange et le salon (avec cuisine américaine) de l’avocat. On sourit de voir un comédien coiffé d’une perruque évoquer un personnage de la période révolutionnire. On frémit quand Dreyfus est mentionné. Le texte est ce qu’il est : fonctionnel, adapté au propos. Pas de grandes envolées lyriques. Des faits, des questionnements. Des comédiens qui s’adressent au public, comme pour les prendre à témoin de ce qui s’est passé, du sort que l’on fait à des innocents. De l’injustice au sens large.

Nobles intentions.

Au final, bien sûr, on est interpellé par le propos mais le mieux peut être, parfois, l’ennemi du bien. On retiendra le traitement "à l’américaine" c’est à dire visant à l’efficacité : encore que les scènes du pénitencier aurait pu être plus "dures" plus réalistes. Elles ne durent pas assez longtemps. Elles sont vite remplacées par d’autres, plus sereines ou plus anecdotiques, comme la vie de l’avocat, les conséquences de son combat... voire l’épisode étonnant où Bush junior, dans une école, apprend (sans réaction immédiate) l’attentat du 11 septembre.

La musique sert bien la pièce, que ce soit le folk en général ou la musique plus "hard rock" accompagnant la détention du 10005. Rien à redire qur les comédiens... ils sont parfaits, chacun dans son rôle ou plutôt ses rôles.

À voir, donc, ne serait-ce que pour cette approche originale et sensible d’un sujet "engagé".

Gérard Noël

 

Peur(s)

de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre.
Mise en scène : Sarah Tick

Avec : Lucas Bonnifait, Julie Brochen, Vincent Debost, Milena Csergo, Gwenaëlle David, Raouf Raïs et Pierre-Antoine Billon en alternance avec Frédéric Jessua

Scénographie : Anne Lezervant
Lumières : Mathilde Chamoux
Costumes : Anne Lezervant et Elysa Masliah
Son : Pierre tanguy
Régie : Julien Crépin

 

Mis en ligne le 15 février 2019