ToiZémoi dans PARENTS MODÈLES

Comédie Caumartin
25, rue Caumartin 
75009 Paris
01 47 42 43 41

du mardi au vendredi à 20h45 et samedi à 17h et 20h45

 

Parents modèles loupe 

Les deux comédiens, Alain Chapuis (également auteur du spectacle) et Marie Blanche, se connaissent bien. Couple à la ville, comme on dit, ils prolongent l'expérience sur les planches : après  "Camille et Simon fêtent leur divorce", les revoilà. On ne s'en plaint pas. Déjà, dans leur précédent opus, ils se démultipliaient : ici, ils ne jouent pas moins de douze rôles à eux deux. Et ceci grâce à une trouvaille des plus brillantes, qui consiste à faire figurer au fond un écran géant, où apparaissent les personnages une fois sortis de scène, ce qui permet d'en faire entrer un autre, en "vrai" sur scène, etc. Le tout est bien rôdé, il n'y a pas de fausse note.

Le propos : "Parents modèles", le titre dit tout, enfin presque tout puisque si les enfants (ils sont trois, deux garçons et une fille, comme dans la réalité, tiens, tiens !) apparaissent bel et bien, et tiennent leur partition, l'appartement joue également un grand rôle. Cet immense appart' qu'ils louent sur un coup de tête (et une erreur, mais il faut le voir pour tout savoir) les enchante. Les comble. Ils oublient leurs difficultés précédentes et le fait qu'ils auraient eu du mal à se le payer vraiment : elle écrit des contes pour enfants (recyclés à l'occasion en contes pour troisième âge !), lui est journaliste sportif sur une chaine lointaine de la TNT. Son dernier titre de gloire, avoir posé une question "sportive" au président de la République.

Les dialogues sonnent un peu café-théâtre, il y a des vannes faciles, avouons-le, mais l'ensemble se laisse voir : surtout grâce à ce renouvellement des personnages et à des sous-intrigues tout à fait bien venues : une annonce d'expulsion qui n'aura finalement pas lieu, lun fils qui se révèle homo, la fille qui sort avec un noir, le retour d'une ex', qui se jette sur le malheureux Simon tel le loup de Tex Avery, le pseudo-cambriolage de l'appartement qui n'en est finalement pas un ... mais  ne racontons pas tout.

Dans tout cela, les personnages secondaires existent plus ou moins : les costumes diffèrent, bien sûr (et les comédiens doivent se changer à une vitesse grand V, bravo !) mais parfois le rôle se réduit à une attitude, une perruque, un accent suisse, ou allemand.

Une mention spéciale, dans la composition, pour l'ineffable M. Grossman, le vilain proprio, ainsi que pour la mère de Camille.

Ne boudons pas notre plaisir : au-delà de la comédie (et celle-ci est globalement réussie) il y a, mine de rien, des coups de griffes. Ici, on parle de l'usure du couple (qui prend les décisions ? Qui décide de quoi ?) de la spéculation, du racisme ordinaire, des personnes âgées touchées de plein fouet par Alzheimer...)

On passe donc une soirée plaisante grâce à l'énergie, communicative des deux comédiens ... et de leurs doubles.

Gérard Noël

 

Parents modèles

de Alain Chapuis.
Mise en scène et images : Philippe Riot.

Avec : Marie Blanche et Alain Chapuis

Décor : Kikapami.

 

Mis en ligne le 7 septembre 2018