ORAGE

Théâtre de la Tempête
La Cartoucherie,
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

Jusqu'au 15 décembre 2013.
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30.

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Mis en ligne le 15 novembre 2013

Orage
Photo Pierre Grosbois

Après une intro chantée de Suzy Solidor, pourquoi ? voici que la pièce commence : Deux personnages parlent d'un troisième, absent, un certain « Monsieur » qui a pris de l'âge et vit en reclus, tout près. Un des personnages est le frère du reclus, on l'appelle « monsieur le Consul ». Entre deux silences, on évoque des morts dans l'entourage. Et Monsieur paraît. Ce n'est pas « en attendant Godot » mais cela pourrait y ressembler. Strindberg, sur ses vieux jours, s'est calmé : foin de la fureur et de l'amertume, c'est ici une ambiance quiète, un peu mollassonne. Monsieur vit avec une jeune parente, Louise. Il a quitté sa femme et sa fille et celle-ci revient, bien sûr. Et la fille disparaît. Les personnages semblent quêter une présence pour se confier et la trouver ou non. La psychologie est fin de siècle, c'est-à-dire soulignée. A l'orage entre les personnages, correspond un vrai orage dans le ciel. Bon. Et ces bruits exagérés qui seraient des menaces ! On comprend pourquoi cette pièce a été peu représentée.

Côté décors et costumes, il ne manque pas un bouton, pas une pièce au jeu d'échecs. Tout est propre et net, d'un réalisme strict : quand on parle de quelqu'un qui ouvre une boite à lettres, on entend le bruit de ladite boite.

Cela dit quelques scènes émergent : la première apparition de Gerda, l'épouse quittée et le jeu décalé de la comédienne, Grétel Delattre. Les vraies retrouvailles entre « Monsieur » et son ex-femme et la tension qui en résulte. Mais il faut quand même attendre presque une heure pour que la chose se produise. Des coupes auraient été souhaitables. Pour le reste, la pièce va son petit bonhomme de chemin. Certaines répliques sont un peu datées : « Ma fille entre les mains d'un aventurier ! » D'autres, au contraire, sont bien senties : « Nous étions mariés, un des deux devait l'être (déshonoré) ». Ou bien Monsieur qui susurre : « Pas d'amour, pas d'ami, tout est paisible ! »

Que reste-t-il au final ? Le côté fonctionnel de la mise en scène au service d'une pièce qui se laisse voir. Comme souvent, les comédiens sauvent la soirée : la déjà nommée, Gerda Delattre. Baptiste Roussillon qui a une présence-absence intrigante. Mais tout repose sur le personnage de « Monsieur », interprété par un Jean-Claude Frissung dont les qualités de comédien ne sont plus à démontrer. Ici, sobre et inspiré, il nous entraine dans un univers gris et triste, celui de l'âge qui vient, avec ses renoncements successifs. Est-ce un message philosophique ? Si oui, il est un peu court, mais la petite musique distillée par Frissung et ses camarades peut toucher.

Gérard Noël

 

 

Orage

Texte : August Strindberg.
Mise en scène : Jacques Osinski.

 Avec Grétel Delattre, Jean-Claude Frissung, Michel Kullman, Alice Le Strat, Baptiste Roussillon et la voix d'Agathe Le Bourdonnec.

Dramaturgie : Marie Potonet.
Scénographie : Christophe Ouvrard.
Lumières : Catherine Verheyde.
Costumes : Hélène Kritikos.
Son : Sébastien Riou.
Régie : Gilles David, Yann Nedelec.