ON NE BADINE PAS AVEC L'AMOUR

Le Lucernaire 
53 rue Notre-Dame des champs
75006 Paris
01 45 44 57 34

Jusqu'au 2 nov 2014
du mardi au samedi à 21h30 et le dimanche à 17h.
Puis du 10 décembre 2014 au 1er février 2015  

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Mis en ligne le 19 septembre 2014


Cette œuvre date de la jeunesse de Musset : il avait 23 ans et se remettait de la rupture avec George Sand…à qui certaines répliques, d'ailleurs, doivent beaucoup. « Théâtre dans un fauteuil », ce sont au départ, des pièces destinées à être lues, autant dire que la fantaisie de Musset s'y déploie à plein. On y trouve aussi, ce qui en fait l'intérêt, ce mélange des genres cher à Shakespeare. Il y a des personnages grotesques, Dame Blazius et Bridaine… les deux « sacs à vin », plus Dame Pluche, duègne de Camille, une pure jeune fille tout juste sortie de son couvent et que l'on destine à son cousin Perdican, avec qui elle a été élevée. Ajoutez à cela un chœur qui commente l'action, un baron (le père de Camille) et une malheureuse jeune fille, Rosette, vers qui se tournera Perdican après le refus de Camille et le drame (qui a pourtant toutes les allures de la comédie) peut se dérouler devant nos yeux ravis.  

Ce qui a visiblement captivé Musset, ce sont les atermoiements du cœur, celui de Camille, en l'occurrence, qui commence par mettre à distance son cousin, avant de se raviser et de tenter un rapprochement vers lui dès lors qu'elle le sent attiré par une autre femme. Perdican n'est pas mieux loti : il fait ici figure de jouet, manipulé par Camille, par son père… et surtout victime, comme Camille, de son orgueil. Ah, l'orgueil ! Voilà l'ennemi ! À moins qu'on arrive à le dépasser. Comme Musset (inspiré par Sand) le fait dire au personnage : « J'ai souffert souvent, je me suis trompé parfois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui ! »

La scène, ici, est nue, choix qui n'est pas un problème, mais une force : elle permet une grande fluidité des personnages, qui entrent et sortent, sont à la fois eux-mêmes et le décor. Éclairages soignés, qui sculptent les visages, donnent du relief aux costumes, créent, par leur seul magie un coin de campagne, une allée ou bien un salon du château. On apprécie, de même, que les figures caricaturales de Blazius et Bridaine soient réinterprétées et tirées vers un sens plus humain. Le baron, hagard et rieur (trop rieur !) subit le même traitement, excellente idée, à laquelle on ne peut que souscrire. Gardons pour la fin Perdican et Camille : les deux jeunes comédiens brillants et inspirés rendent bien compte de ce maelstrom qu'est l'arrivée à l'âge adulte : l'enfance vous tirerait encore vers l'arrière et l'on est en même temps si plein de rêves et d'espoir. Une partition délicate, finement interprétée. Et le reste de la distribution est au diapason. C'est dire si la pièce de Musset, dans cette réalisation de l'Attrape Théâtre, est hautement conseillée.

Gérard Noël

 

On ne badine pas avec l'amour

de Alfred de Musset
Mise en scène de Christophe Thiry.

Avec :
Maître Bidaine : Francis Bolela :
Maître Blazius : Stanislas de La Tousche et Laurent Bariteau le 2 octobre puis du 4 au 2 novembre
Dame Pluche : Lucile Durant
Perdican : Sébastien Ehlinger
Rosette : Marion Guy
Le Baron : Pierre Marzin et Pascal Durozier les 19, 20 et 21 septembre puis les 16, 17 et 18 octobre
Le Chœur : Koso Morina
Camille : Anna Sorin

DATES DE TOURNÉE EN COURS

 

2014
– 27 novembre, Lèves (près de Chartres)

2015
– 3 février, Saint Cloud
– 6 février, Maisons Laffitte
– 2 octobre, Port de Bouc (près de Marseille)


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