NADJA

L'aire Falguière
55 rue de la procession
75015 Paris
01.56.58.02.32

Jusqu'au 6 décembre 2013
les mardis, mercredis et vendredis à 21h

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Mis en ligne le 10 octobre 2013

Nadja

Adapter Nadja est un véritable défi que Bernard Havette relève avec brio en mettant en scène une partie du texte surréaliste d'André Breton composé à l'origine de trois parties : un questionnement identitaire de l'auteur, la rencontre avec Nadja et des considérations sur la vie et l'écriture. En se centrant sur la rencontre, Bernard Havette rend l'œuvre très accessible, même pour un public peu averti.

Le décor est sobre et bien pensé : une table, un meuble rempli de livres, deux bougies allumées qui laissent toute leur place aux deux acteurs mais aussi aux instruments de musique, le piano et l'accordéon qui, sous les mains de Nolwenn Tanet, rythment le récit des divers rendez-vous entre André Breton et Nadja.

On est immédiatement plongés dans le Paris des années vingt grâce à la musique mais aussi aux photographies d'une ville en noir et blanc, projetées en fond de scène comme pour mieux suivre les personnages dans leur errance automnale.

Breton rencontre, cherche, retrouve Nadja, celle qui erre, qui joue, qui lui raconte des bribes de sa vie de jeune femme pauvrement vêtue et qui, grâce au prénom qu'elle s'est elle-même donné, peut commencer à espérer. Et le surréalisme dans tout  cela ? Il est latent et de plus en plus présent, notamment grâce à la projection des dessins de Nadja qui prennent la place des vues parisiennes et que les personnages s'attachent à commenter. Le non-conformisme surréaliste, montrent-ils, permettra de désenchaîner l'homme.

Bernard Havette se montre fort convaincant dans le rôle de l'écrivain ému, perdu, qui s'interroge sur la beauté convulsive de Nadja ainsi que sur le sens du monde qui l'entoure. Il ressent le texte et l'interprète magnifiquement, jamais monocorde, toujours passionné. Dans cette tâche il est formidablement aidé par Nolwenn Tanet qui donne la parole à Nadja lorsque cela est nécessaire. Elle est donc les lèvres de Nadja mais surtout ses yeux. Des yeux qui avaient tant impressionné Breton et qui transportent le public puisque toutes les émotions qu'elle expérimente passent par le regard de la comédienne. On la sent habitée par le personnage, surtout à la fin du spectacle lorsqu'elle interprète une chanson de sa composition aussi déstabilisante que belle.

Enfin, la salle de l'Aire Falguière est petite, certes, mais la proximité avec les acteurs rend la pièce encore plus intime et donne l'impression d'être convié à partager un secret, un secret amoureux, poétique et fugitif.

Ivanne Galant

 

 

Nadja

D'après l'œuvre d'André Breton
Adaptation, mise en scène et interprétation : Bernard Havette

Piano et accordéon : Nolwenn Tanet
Musique : Véronique Roth et Nolwenn Tanet