MACBETH

Théâtre 13 (Côté Seine)
30, rue du Chevaleret
75013 Paris
01 45 88 62 22

Jusqu'au 15 décembre
mardi, jeudi et samedi à 19h30
mercredi et vendredi à 20h30
dimanche à 15h30 

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Mis en ligne le 6 novembre 2013

Macbeth
Photo Johanna Elalouf

S’attaquer à Shakespeare en général et à Macbeth en particulier représente toujours un challenge tant c’est un théâtre dense, puissant, aux personnages subtils, aux intrigues riches, doté d’une écriture brillante, inventive et riche, jouant à merveille des sonorités de la langue anglaise, et maniant avec virtuosité double sens et jeux de mots.

Il n’est donc pas aisé de l’adapter pour un public français et Il faut du courage, de la foi et de la passion – et peut-être une dose d'inconscience – pour s'attaquer à une telle œuvre où se mêlent grandeur, complots, assassinats, ambition, folie et remords, fantastique et poésie.

Arny Berry, biberonné au lait théâtral (il est le fils de Myriam Boyer et de John Berry), homme de scène depuis plus de dix ans, s’en empare aujourd’hui, en fait l’adaptation, la met en scène et interprète le rôle titre dans une version allégée (1h30) où il imprime sa vision du monde, son humour, ses questionnements.

Dans une très belle scénographie, faite de longues toiles, de projections, de jeux d’ombres et de quelques accessoires, les douze comédiens nous restituent l’histoire bien connue où dominent les jeux du pouvoir et de l'ambition avec une fougue et un enthousiasme évidents.

Trop peut être car ça s’agite beaucoup, ça crie (aux limites de la compréhension), ça court, ça bataille et le spectateur pris dans ce tumulte peine à retrouver les sentiments qui agitent les héros, d’autant plus que l’impasse est faite sur tout ce qui est l’expression de remords, dans une recherche certes esthétique mais où la forme paraît dominer le fond.

Les scènes se succèdent, séparées par des « noirs » – je ne supporte décidément plus cette technique qui sévit actuellement sur la plupart des plateaux – qui cassent le rythme.

L’ensemble du coup se traîne malgré toute l’agitation ambiante, la mise en scène sanglante et les moments quasi grand-guignolesques.

La tragédie se déroule dans un monde de ténèbres, la plupart du temps entre le crépuscule et la nuit. Le choix du clair-obscur est donc cohérent mais du coup on a du mal à bien voir ce qui se déroule.

J’étais au premier rang et j’au eu du mal souvent à appréhender les détails de l’action et à comprendre ce qui se disait en hurlant.

Je me demande ce qu’ont pu en retirer les spectateurs des derniers rangs.

Être acteur shakespearien n'est pas chose aisée. Il faut rendre audibles un texte d’une telle poésie barbare, des tournures peu courantes, délivrer toute la puissance des mots sans paraître désuet ni pompeux, trouver la musique des intonations qui permettra d'atteindre le spectateur.

Et si dans cette distribution certains s'en sortent pas trop mal d'autres peinent encore à trouver l'équilibre nécessaire.

 Mais ne soyons pas trop sévères car on sent derrière tout cela malgré ces imperfections un travail sérieux et une vraie réflexion.

On n'était qu'au soir de la première, laissons-leur encore un peu de temps.

« La vie n’est qu’une ombre en marche, un pauvre acteur
Qui s’agite pendant une heure sur la scène
Et alors on ne l’entend plus ; c’est un récit
Conté par un idiot, plein de bruit et fureur,
Ne signifiant rien. »
nous dit Shakespeare à la fin.

Ces mots pourraient pour l’instant s’appliquer à la lettre à cette représentation, ne reste plus qu’à donner consistance et sentiment à ces gesticulations.

Nicole Bourbon

Macbeth
Photo Johanna Elalouf

Macbeth

de William Shakespeare,
Adaptation et mise en scène d'Arny Berry

 Avec Jean Aloïs Belbachir, Clément Bernot, Arny Berry, Benjamin Bur, Jean Damien Detouillon, Simon Fraud, Elodie Hatton, Elias Khadraoui, Victor le Lorier, Audrey Sourdive, Laure Vallès et Victor Veyron.