LES 7 JOURS DE SIMON LABROSSE

Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame des champs
75006 Paris.
Tel : 01 42 22 26 50

Jusqu'au 20 septembre 2014
du mardi au samedi à 20h.

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Mis en ligne le 9 juillet 2014

Le décor est foutraque, fait de bric et de broc : il oblige les comédiens à un rapport frontal avec le public : mais c'est de ça qu'il s'agit, puisque c'est à un spectacle dans le spectacle que nous convie Carole Fréchette, l'auteur. Voici que va nous être contée une belle tranche de vie, bien saignante, celle de Simon Labrosse, chômeur et rêveur, collectionneur de métiers improbables qu'il nous dévoilera avec le concours de Nathalie et Léo. Drôle de gars, ce Léo : traumatisé par le chute d'une brique sur sa tête, il est devenu « handicapé du mot positif ». Il ne peut donc que décrier, critiquer, débiner… et sa poésie, noire et rugueuse, s'en nourrit. Nathalie, elle, prend des « cours de bouche » et est à l'affût de la vie autonome de son corps.

On voit qu'avec de tels comparses, tout ne va pas être simple. Il y aura des sorties intempestives, des brouilles, des négociations, mais Simon arrivera, tant bien que mal à faire sa petite pub', dans l'espoir, bien sûr, de s'en sortir. Car c'est le grand mobile : gagner un peu d'argent, amasser quelques sous alors que, partout au dehors, c'est l'argent roi, vite gagné mais vite perdu (nous sommes en 1999, quand C. Fréchette écrit sa pièce) Voici donc notre héros « cascadeur émotif » ou « spectateur »….ou « finisseur de phrases ». Autant de « petits boulots » inspirés et poétiques qui donnent lieu à une méditation subtile sur la vie, sa solitude, ses angoisses. Tout, bien sûr, ne se passe pas bien et les partenaires ne se font pas faute de répéter à Simon à quel point il est nul, mal inspiré, inadapté. On verra aussi que ses amours ne sont pas simples. Heureusement, celui-ci, incarné avec malice par Laurent Lévy a la tchatche…en même temps qu'une réserve quasi inépuisable d'optimisme. Trois personnages, trois attitudes face à la vie : le pessimisme radical (Léo), le retour à son petit « moi » organique (Nathalie) et la débrouillardise élevée au rang du dernier des beaux-arts. A vous de choisir ! 

Que retenir de tout cela ? Que les laissés-pour-compte de Carole Fréchette peuvent encore nous intéresser, nous faire sourire ou nous émouvoir. La mise en scène est fluide et sans esbroufe. Les comédiens sont inspirés dans ce jeu dans le jeu, entre les moments où on lit un texte et ceux où on l'interprète.

Pour les amateurs d'écriture québécoise, mais pas que… pour ceux qui pensent que le théâtre peut nous dire des choses et bien les dire, qu'ils aillent donc  voir ce drôle de Simon Labrosse, si attachant dans sa panade.

Gérard Noël

 

Les 7 jours de Simon Labrosse

Texte : Carole Fréchette.
Mise en scène : Cendre Chassanne.

Avec : Laurent Lévy, Nathalie Bitan, Philippe Saunier.

Scénographie : Cendre Chassanne, Oscar Gillet.
Costumes : Cendre Chassanne.
Lumières : Sébastien Choriol.
Vidéo (extrait) de Fabio Scaccchioli.