LES TROIS SŒURS

La Comédie Française, Salle Richelieu
1, Place Colette
75001 Paris
Jusqu'au 20 mai 2013 (reprise)

Les trois soeurs - Photo Christophe Raynaud de Lage
Photo Christophe Raynaud de Lage

Les Trois Sœurs, ou le voyage sans cesse différé. Ou le bonheur sans cesse différé.

Grâce à la reprise de sa mise en scène à la Comédie Française, Alain Françon plonge le spectateur dans l'univers clos des trois sœurs Prozorov : Olga, Macha et Irina.

C'est un jour de fête dans la maison familiale, le père est mort depuis un an, c'est donc la fin d'un deuil et l'espoir d'une nouvelle vie, une « vie qui n'a pas encore été belle pour les trois sœurs » comme le dit Irina : les filles veulent quitter la maison et rejoindre Moscou, leur ville natale, pour travailler. Et ce désir de travail contribue à faire de ces personnages féminins de Tchekhov des femmes modernes ayant soif d'indépendance. Cependant, l'heure n'est pas au départ mais plutôt aux bavardages. En effet, des soldats et amis de la famille prennent part au repas, de même que le frère, Andreï, accompagné de sa fiancée Natacha.

« Quel ennui de vivre dans ce monde ! » dit Macha, un monde où Natacha a pris le pouvoir – c'est à présent la mère de famille de la maison –, un monde où les sœurs travaillent, conversent, aiment, dansent et chantent parfois, mais subissent divers aléas comme l'incendie d'une partie du village, disent adieu aux soldats, vieillissent.

Village et maison se vident, et à la fin ne restent que les espoirs qui subsistent malgré les larmes ainsi que les interrogations qui résonnent autant chez elles que chez le spectateur : « Pourquoi on vit ? Pourquoi on souffre ? ».

Cette pièce d'environ trois heures est longue, certes, mais contrairement aux sœurs, le spectateur ne s'ennuie pas grâce au jeu passionné des acteurs de la troupe de la Comédie française – mention spéciale à Florence Viala (Olga), Georgia Scalliet (Irina), Elsa Lepoivre (Macha) pleines de grâce et au charismatique Michel Vuillermoz dans le rôle du lieutenant-colonel Verchinine. L'impression de rentrer dans un monde à part est renforcée par les intermèdes musicaux au violon, qui donnent une belle unité à la pièce.

Et si les décors – splendides, comme les costumes – changent au fil des actes, nous restons bel et bien dans la maison, ou juste à coté, comme pour insister sur la thématique du départ retardé.

La conviction que des jours meilleurs sont à venir s'étant effilochée au fil de la pièce, on ressort du théâtre relativement gagné par ce pessimisme mais avec l'envie de vivre pleinement.

 

Ivanne Galant

 

 

Les Trois Sœurs

d'Anton Tchekhov
Mise en scène d'Alain Françon

Avec
la troupe de la Comédie Française :

Michel Favory : Feraponte, gardien de Conseil du zemstvo
Éric Ruf : Vassili Vassilievitch Saliony, major
Éric Génovèse : Nikolaï Lvovitch Touzenbach, Baron, lieutenant
Bruno Raffaelli : Ivan Romanovitch Tcheboutykine, médecin militaire
Florence Viala : Olga, sœur de Prozorov
Coraly Zahonero : Natalia Ivanova, la fiancée de Prozorov
Michel Vuillermoz : Alexandre Ignatievitch Verchinine, lieutenant colonel, commandant de batterie
Elsa Lepoivre : Macha, sœur de Prozorov
Stéphane Varupenne : Andreï Sergueïvitch Prozorov
Gilles David, Fiodr Ilitch Koulyguine, professeur au lycée, mari de Macha
Georgia Scalliet : Irina, sœur de Prozorov
Jérémy Lopez : Alexeï Petrovitch Fedotik, sous-lieutenant
Danièle Lebrun : Anfissa, la vieille nourrice
Benjamin Lavernhe : Vladimir Karlovitch Rode, sous-lieutenant

Les élèves comédiens de la Comédie Française  : 

Laurent Cogez : Soldat et musicien
Carine Goron : la Bonne
Nelly Pulicani : La Nounou

La Violoniste :

Floriane Bonanni

Équipe artistique :

Traduction : André Markowicz et Françoise Morvan
Scénographie : Jacques Gabel
Costumes : Patrice Cauchetier
Lumières : Joël Hourbeigt
Dramaturgie et assistante à la mise en scène : Adèle Chaniolleau
Son : Daniel Deshays
Musique originale : Marie-Jeanne Séréro
Conception maquillages et coiffures : Dominique Colladant