LES NŒUDS AU MOUCHOIR

Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple

75010 Paris
01 42 02 27 17

Jusqu’au 31 décembre 2017
Du mercredi au samedi à 19h15
Le dimanche à 15h30

 

Les Nœuds au mouchoir loupe 

Comme dans Le Père Noël est une ordure, un sapin de Noël trône dans la pièce où Anémone est assise.

Mais depuis cette pièce et ce film cultes, les années ont passé et, dans Les nœuds au mouchoir, Anémone joue Augustine, une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Augustine ne maîtrise plus le calendrier, confond le matin et l’après-midi, ne sait plus où elle a mis son appareil auditif, cache ses clés derrière le coussin de son fauteuil, manque mettre le feu à sa cuisine en plongeant des madeleines congelées dans une casserole d’eau bouillante, est persuadée que son voisin du dessus s’introduit chez elle pour la voler, noue une amitié avec une pigeonne qui niche sur son balcon et avec laquelle elle discute en roucoulant.

Bref, elle perd la boule, pour employer une expression familière.

Surtout, elle ne reconnaît plus l’un de ses fils, au grand désespoir de ces derniers, Jean, artiste, chômeur, divorcé et fauché, et Daniel, banquier, marié et infidèle, qui prennent la mesure de l’avancée de la maladie de leur mère.

Les deux frères, brouillés depuis des années, se relaient auprès de cette dernière en évitant de se rencontrer sauf qu’un soir, en raison d’une erreur d’emploi du temps, ils vont se retrouver face à face.

S’ensuit un enchaînement de moments drôles et émouvants, émaillés des propos cocasses d’Augustine qui, en plus de perdre pied avec la vie réelle, est dure d’oreille, ce qui donne lieu à des répliques comiques dignes d’un professeur Tournesol.

Anémone a tellement le physique de l’emploi qu’elle n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour se glisser dans la peau de son personnage et coller à un texte qui semble avoir été écrit sur mesure pour elle.

Jean et Daniel, respectivement Pierre-Jean et Denis Chérer sont, comme leur nom commun peut le laisser deviner, frères dans la vie, et parfaitement crédibles dans leurs rôles respectifs.

Ajoutons que c’est Denis qui a écrit cette comédie douce-amère à partir de l’expérience que les deux frères ont vécue avec leur propre mère.

Le résultat, un spectacle bouleversant par son thème, où les moments loufoques alternent avec des passages plus pathétiques, correspondant aux éclairs de lucidité de la vieille femme, à sa nostalgie d’un temps révolu.

« C’était pas comme ça avant. » ; « Pourquoi c’est plus comme avant ? » ; « Je voudrais seulement que ça redevienne comme avant. », murmure-t-elle à plusieurs reprises.

On rit, bien sûr, certaines âmes sensibles vont même jusqu’à verser une larme, et pourtant on a l’impression que l’émotion que suscite un sujet aussi sensible, servi par un texte d’une grande justesse, reste à la surface sans arriver à s’exprimer pleinement.

Ce jour-là uniquement, peut-être ?

Il n’en reste pas moins que Les nœuds au mouchoir est une pièce de théâtre grand public qui a déjà remporté un franc succès lors d’une tournée en 2016, ainsi qu’au Festival d’Avignon en juillet dernier.

Gageons que le public parisien lui fera un accueil chaleureux.

Elishéva Zonabend

 

Les Nœuds au mouchoir

De Denis Cherer
Mise en scène : Anne Bourgeois

Avec Anémone, Denis Cherer, Pierre-Jean Cherer

 

Mis en ligne le 8 novembre 2017