LES GENS

Théâtre Gérard Philipe
59 Boulevard Jules Guesde
93200 Saint-Denis
01 48 13 70 00

Jusqu'au 7 février 2014
Le lundi, jeudi et vendredi à 20h00
Le samedi à 18h00
Le dimanche à 16h00

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Mis en ligne le 18 janvier 2014

Les gens

« Si c'est vrai le monde entier est le fond d'une tombe »

Nous ne sommes qu'à la fin du XXIe siècle mais on dirait la fin des temps. Sur une terre nue, – un terre vaine dirait T.S. Eliot –, un soldat ensanglanté et mourant dont l'agonie s'éternise, une voleuse qui dépouille les morts sans compassion tout en cachant sa douleur, un fou faible et bavard auquel personne ne prête attention et un amnésique qui se demande si, oui ou non, il a tué, pour pouvoir se réconcilier avec lui-même…

L'ambiance de cette pièce ne détonne pas par rapport aux « pièces de guerres » qui ont fait la célébrité d'Edward Bond. Les gens, après Café, Le Crime du XXIe siècle et Naître, devait initialement clore le cycle dit de « la Tétralogie de la Colline », mais sera suivie d'une autre pièce, Innocence, pour composer « la Quinte de Paris ». Il y a, c'est vrai, du Beckett dans ce théâtre-là, par exemple quand Postern se barbouille de son sang dans un trou qui est déjà son tombeau.

Le travail sur la langue, avec notamment beaucoup de phrases courtes et non verbales, exclamatives et crues, rappelle aussi le style du dramaturge irlandais. Mais l'humour et la dérision passent ici au second plan derrière la déchéance qui accable les quatre personnages, et avec elle notre humanité errante, souffrante et pitoyable.

 Les hommes sont seuls, perdus, cherchent quelque chose mais semblent avoir moins de valeur que les vêtements qu'ils portent, tandis que la femme cherche plus à les dépouiller qu'à les sauver de leur folie. Seul le manteau, symbole de réconfort (à défaut d'amour), qu'il faut boutonner pour prendre soin de soi, semble mériter qu'on se batte pour lui.
« Boutonne-toi. Boutonne-toi. Boutonne-toi ! »

Le fait que ce soit expressément pour Alain Françon qu'Edward Bond ait écrit cette pièce se fait vite sentir tant la cohérence est grande entre le texte et la mise en scène, qui semblent parler d'une seule voix. Et les quatre comédiens se fondent parfaitement dans cet univers violent de sang, de boue et de pisse qui dispute la dureté des mots à celle des situations.
« Boutonne-toi ! Boutonne-toi ! Boutonne-toi ! »

Frédéric Manzini

 

 

Les gens

D'Edward Bond
Traduction française : Michel Vittoz
Mise en scène : Alain Françon

Avec : Pierre-Félix Gravière (Quelqu'un), Aurélien Recoing (Postern), Alain Rimoux (Margerson), Dominique Valadié (Lambeth)

Dramaturgie : David Tuaillon
Assistanat à la mise en scène : Nicolas Doutey
Décor : Jacques Gabel
Lumières : Joël Hourbeigt
Son : Léonard Françon
Costumes : Anne Autran-Dumour