LES ESCARGOTS SANS... LEUR COQUILLE FONT LA GRIMACE

Théâtre des Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris
01 42 36 00 50

Jusqu’au 20 juin 2015
Jeudi Vendredi Samedi à 21h30

 

Les escargots sans leur coquille font la grimace loupePhoto Camille Rosa

Voilà un  spectacle tout frais qui suscite indéniablement l’intérêt avec de très belles séquences et une interprétation irréprochable, même  s’il demande me semble-t-il à être encore travaillé. Des longueurs, un manque de rythme dû à un trop plein de mots et d’accessoires avec quelques scènes qui n’apportent rien et ralentissent l’action comme l’extrait de film en anglais qui dure, qui dure, parasitant le propos dans un manque d’unité, avec une unique chanson et une seule séquence dansée, deux scènes certes très réussies dont on ne voit pas vraiment l’utilité, mal intégrées dans le jeu théâtral.

Car Juliette Blanche nous livre ici une tranche de vie, de SA vie, dans un cri libérateur, un flot de souvenirs qui, en dépit de la sensation de « trop plein », touche le spectateur tellement il est empli de sincérité.

C’est qu’elle en a des choses à dire, Juliette, elle, née fille alors que semble-t-il son père espérait un garçon. Comment exister, être soi-même quand on ne l’est pas, ou du moins le croit-on, dans le regard du premier homme de notre vie, notre père ? Savoir qui on est vraiment. Garçon ? Fille ? Ou bien les deux, comme les escargots qui donnent leur nom au spectacle ?

Cette quête d’identité Juliette Blanche nous la jette à la face au fil d’un enchaînement de séquences nées de ses souvenirs. L’écriture est dense et Charles Templon le metteur en scène l’amplifie en en faisant une sorte de puzzle où les personnages se croisent, se superposent, où les voix se dédoublent ou se confondent.

Juliette, auteur, interprète également son personnage, avec toute l’authenticité qu’elle véhicule. Perdue ou exaltée, blessée ou en colère, au travers de son expérience elle nous interroge sur nous-même, tour à tour drôle et émouvante.

Face à elle, l’extraordinaire Andy Cocq campe tous les autres personnages, le père, la mère, les sœurs, la prof de danse, la coiffeuse, les amies, un directeur de casting et j’en oublie sûrement. Il est réellement prodigieux, faisant vivre tous ces êtres sans fausse note aucune, sans jamais tomber dans un ridicule outrancier. Excellent chanteur, il nous fait regretter qu’il n’y ait qu’une seule chanson.

Au fil des années, de questionnements en épreuves douloureuses, relations conflictuelles ou déceptions, Juliette finira par s’assumer. Devenir elle-même en choisissant d’incarner d’autres êtres : une comédienne.

Comme un escargot sortant enfin de sa coquille pour affronter le monde.

Nicole Bourbon

 

Les escargots sans... leur coquille font la grimace

de Juliette Blanche
Mise en scène : Charles Templon, assisté de Florian Jamey

Avec : Juliette Blanche, Andy Cocq

Lumières : Nicolas Priouzeau
Décors : Camille Rosa, Charles Templon

Crédit Photo Visuel : Alicia Solf, Sophie Garric

 

Mis en ligne le 9 mai 2015

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