LES CAHIERS DE NIJINSKI

Théâtre de l’Ouest Parisien
1 place Bernard Palissy
(face au 87 av J.B Clément)
92100 Boulogne Billancourt
01 46 03 60 44

Jusqu’au 18 janvier 2015
Du mardi au dimanche à 20h30

 

loupe

 

Nous sommes au lendemain de la Première Guerre mondiale, vers 1918-1919. Nijinski, Nijinski le génie, Nijinski le magnifique et scandaleux, le danseur et chorégraphe qui a tout révolutionné dans son art a vingt-neuf ans et est à la moitié de sa vie. Il vient d’arrêter la danse et va bientôt être interné dans des hôpitaux psychiatriques dont il ne sortira plus. C’est à ce moment qu’il rédige ses Carnets où il raconte certains épisodes de sa vie (sa relation avec Diaghilev, son mariage décevant) et où il livre, surtout, sa perception du monde, sa souffrance d’être incompris, son humanité fiévreuse, sa volonté d’écrire, son besoin d’amour, la pureté de son âme à la recherche de la vérité et de l’absolu.

Est-il déjà fou ou est-il seulement d’une lucidité sans concession et d’une sensibilité extraordinaire ? Il parle de lui comme d’un autre, il se prend souvent pour Dieu, mais aussi pour l’Antéchrist et pour « le dindon aux plumes de Dieu » dans ces textes époustouflants de liberté, de beauté et de profondeur qui méritent déjà à eux seuls le déplacement jusqu’au Théâtre de l’Ouest Parisien.

Pour rendre vivant ces écrits, les metteurs en scène Daniel San Pedro et Brigitte Lefevre proposent une création qui a fait le choix du dépouillement et de la sobriété. Sur un plateau de scène blanc sur fond noir, tout en déséquilibre, qui penche vers la salle comme une pente glissante ou comme une vague déferlante prête à la submerger, le personnage est scindé en deux pour mieux figurer une certaine forme de schizophrénie. Il y a le comédien Clément Hervieu-Léger, dont le corps gracile est vêtu de blanc, qui interprète les textes, mais il y a aussi le danseur Jean-Christophe Guerri, au physique plus musclé et habillé de noir, qui en représente à la fois le double et l’ombre tenue au silence. Le corps répond donc au verbe, qui sont tous deux tour à tour fougueux et fragiles. Avec une distribution de cette qualité, on s’attendait à ce que la danse se mêlât davantage au théâtre mais finalement ce n’est pas Nijinski le danseur qui nous est donné à voir ici, c’est Nijinski l’écrivain et le poète, voire l’homme ramené à ce qu’il a de plus universel avec ses doutes et malgré ses aspirations mystiques mégalomanes. Comme si, après avoir renoncé à s’exprimer par la danse, les mots ne lui avaient pas suffi à échapper à son destin.

Frédéric Manzini

 

Les cahiers de Nijinski

De Vaslav Nijinski
Texte français et adaptation : Christian Dumais-Lvowski
Mise en scène : Daniel San Pedro et Brigitte Lefevre
Scénographie : Brigitte Lefevre et Daniel San Pedro, assistés de Camille Duchemin
Lumière : Bertrand Couderc

Avec Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française et Jean-Christophe Guerri de l’Opéra de Paris

 

Mis en ligne le 14 janvier 2015

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