LE SILENCE DE MOLIÈRE

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du Champ-de-Manoeuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu’au 16 octobre 2016
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30

 

Le Silence de Molière loupePhoto © Pascal Victor:ArtComArt

Dans la famille Béjart, dynastie d’acteurs dont l’histoire théâtrale est indissociable de celle de Molière, Esprit-Madeleine Poquelin fait figure d’exception.

Unique fille de Molière et d’Armande Béjart, elle a dès son plus jeune âge, en refusant à huit ans le rôle de Louison dans Le Malade imaginaire, écrit pour elle par son père, choisi de fuir la scène.

Déstabilisée par une enfance où vie et théâtre se confondaient en permanence, meurtrie par les rumeurs sordides sur ses parents, notamment celle qui prétendait qu’elle était le fruit d’un mariage incestueux, elle se réfugia dans une existence de solitude et se mura dans le silence.

Fasciné par ce destin énigmatique, l’écrivain italien Giovanni Macchia a voulu, dans Le Silence de Molière (pourquoi de Molière, d’ailleurs ?), « tracer un portrait de Madeleine à travers la fiction d’une conversation avec un interviewer imaginaire. »

« Le Silence de Molière fait partie de ces œuvres qui nous font pénétrer dans le secret d’une vie », déclare Marc Paquien, qui a mis en scène ce texte bouleversant, confiant le rôle d’Esprit-Madeleine Poquelin à une actrice magnifique, Ariane Ascaride.

Son maintien, sa raideur hiératique, l’expression sévère, austère, de son visage, traduisent la souffrance contenue qu’elle finit par livrer, avec réticence au début, à son interlocuteur.

Le décor épuré de Gérard Didier – une pièce vide au sol et aux murs gris dont l’un est orné d’un ovale derrière lequel un éclairage approprié fait apparaître une fenêtre – et la longue robe monacale, d’une blancheur immaculée, d’Ariane Ascaride, servent avec justesse le propos.

Pourtant…

Pourtant, nulle émotion véritable ne se dégage de cette douloureuse confession et des brefs échanges entre Esprit-Madeleine et le jeune homme, qui prennent par moments une tournure agressive qu’on a du mal à comprendre, donnant l’impression d’une faiblesse dans la direction d’acteurs. De même qu’on ne saisit pas pourquoi, vers la fin, l’actrice se dépouille de sa robe pour apparaître vêtue d’un pantalon et d’un pull-over noirs et poursuit l’entretien en fumant une cigarette. Des éléments de mise en scène qui ne se justifient pas à priori et semblent donc totalement gratuits.

On sort de la représentation quelque peu perplexe, en se demandant pourquoi, alors que tous les ingrédients étaient réunis pour sa réussite, la mayonnaise (ce jour-là peut-être ?) n’a pas pris.

Elishéva Zonabend

 

Le Silence de Molière

Conversation imaginaire avec la fille de Molière
De Giovanni Macchia
Traduction : Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié
Mise en scène : Marc Paquien

Avec : Ariane Ascaride, Loïc Mobihan et la voix de Michel Bouquet

Extraits de Registres II de Jacques Copeau (éd. Gallimard)
avec l’aimable autorisation de Catherine Dasté

Décor : Gérard Didier
Costumes : Claire Risterucci
Lumières : Dominique Bruguière
Son : Xavier Jacquot
Coiffure et maquillage : Cécile Kretschmar
Collaboration artistique : Martine Spangaro
Régie : Gilles David, Yann Nédélec

 

 

 

 

 

Mis en ligne le 20 septembre 2016