LE PAYS DE NOD (HET LAND NOD)

La Villette – Grande Halle
Parc de La Villette
211 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris
01 40 03 75 75

Jusqu’au 20 mai à 20h30

Tournée :
13-14 avril 2018 : Teatro Central, Sevilla (ES)
20-23 avril 2018 : Festival de Otoño a Primavera, Madrid (ES)
22-25 mai 2018 : Théâtre de Cornouaille, Quimper (FR) 

 

Le Pays de Nod loupePhoto © Kurt Van der Elst 

Présenté l’année dernière à Avignon, ce spectacle inclassable est repris pour quelques représentations à la Villette.

Entre installation, chorégraphie, mimodrame et happening, cette dernière création du collectif belge FC Bergman se nourrit de multiples influences pour créer un spectacle unique en son genre. Un spectacle qui met en contraste la démesure des bâtiments, des objets, des forces du monde avec la petitesse et la fragilité des corps, et des humains en général.

Le décor immense est une reproduction de la salle Rubens du musée des Beaux-Arts d’Anvers. Plateau et gradin public sont inclus dans ces murs dont les chapiteaux tutoient la charpente de la grande halle.  Nous voilà immergés dans le musée en réfection. Il ne reste qu’une toile magistrale du grand peintre flamand. Un tableau de 4 mètres 30 sur 3 mètres 10, Le Coup de Lance, œuvre christique monumentale représentant la crucifixion.

Manutentionnaires, conservateurs et gardiens s’apprêtent à décrocher la toile pour vider la salle. C’est alors qu’ils se rendent compte que les portes, pourtant elles aussi très hautes, sont de trop petites dimensions pour laisser passer le cadre. Le fil narratif du spectacle sera cet entêtement du conservateur pour faire en sorte que le tableau passe la porte.

Mais ce fil n’est finalement qu’un prétexte pour faire vivre dans cet espace en réfection des scènes, des personnages, des vies parfois burlesques, parfois tragiques mais toujours décalées, vues par le prisme de la dérision.

Scènes courtes ou longues, comique de répétitions, danses, courses, luttes, traversées et démolitions se succèdent alors avec une énergie communicative et l’on perçoit alors à mesure que ces scènes se succèdent que c’est une partie de l’histoire mondiale qui s’invite au cœur de l’imperturbable salle de musée, faisant s’écrouler les quiétudes et les murs, transformant l’espace en salle de jeu, en salle d’hébergement d’urgence, en bras de mer, en no man’s land débordant de gravats…

Toute l’histoire ou presque se déroule sans paroles. Le jeu devient alors héritier de la pantomime, sur-expressif, drôle et caricatural. Peu à peu, le décor qui semble au départ inébranlable, se défait, se désagrège, fuit et explose sous l’action des hommes. Et l’on passe alternativement de la comédie la plus légère à certaines scènes où la gravité envahit le plateau et la salle, comme celle où cette femme disparaît, aspirée par les éléments après avoir traversé les flots : migrants avalés par la mer pendant la traversée…

Le grandiose de la scénographie aurait pu prendre possession de tout le spectacle, mais la force de ce collectif est d’avoir su centrer l’histoire sur les personnages, leurs déboires, leurs allégresses, leurs tocs, leurs rires et leurs drames. Et puis, en contrepoint, Summertime, l’air composé par Gershwin il y a bientôt un siècle, surgit, comme une éternelle consolation chargé de douce ironie en comparaison avec le chaos qui s’installe sur le plateau.

 

Summertime (extrait)

Summertime and the livin' is easy
Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh your Daddy's rich and your ma is good lookin'
So hush little baby, don't you cry

C'est l'été et la vie est facile
Les poissons bondissent et le coton est haut
Oh ton papa est riche et ta maman est belle
Alors chut, petit bébé, ne pleure pas

Bruno Fougniès

 

Le Pays de Nod loupePhoto © Kurt Van der Elst 

Le Pays de Nod

Conception son, mise en scène et jeu le collectif FC BERGMAN
Conception son FC Bergman i.s.m. Diederik De Cock
Conception lumière FC Bergman i.s.m. Ken Hioco

Avec

Stef Aerts, Joé Agemans, Bart Hollanders, Matteo Simoni, Rik Verheye, Marie Vinck

 

Mis en ligne le 19 mai 2017