LE PARADOXE DU SOMMEIL PARADOXAL

Au cinéma-théâtre le Chaplin Saint-Lambert, salle 1.
6 rue Péclet
75015 PARIS

Jusqu'au 25 novembre 2013 à 21h.


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Mis en ligne le 22 octobre 2013
Paradoxe

C'est vrai que nous sommes dans une salle de cinéma. Fallait-il pour autant agrémenter le spectacle d'un film, … drôle au début, moins ensuite ? On peut en douter. Bref, les deux comédiens se sont largement inspirés de textes de Sébastien Thiéry et ont imaginé un « autour », les deux acteurs du film continuant l'histoire sur scène et répugnant à la quitter et à se quitter. Pourquoi pas ? On aurait simplement aimé que la sauce prenne mieux. Mais, en tout état de cause, les deux pièces « Dieu habite Düsseldorf » et « Sans ascenseur » fonctionnent, et comment ! Sébastien Thiéry, c'est ce jeune auteur qui a triomphé avec « Cochon d'Inde » ou bien « Le début de la fin ». Passons sur la dernière pièce « L'origine du monde » qui n'est qu'une idée unique, hélas bien étirée.

Pourquoi ne pas revenir au début, donc, à ces sketches proches de Roland Dubillard mais en plus méchant où S. Thiéry explorait la vie de ses contemporains avec leur petits et grands travers, leurs bizarreries…leurs névroses. On voit ainsi un monsieur vouloir acheter un zizi (sic !) un autre rencontrer Dieu dans un bar du XVème arrondissement, un Dieu ressemblant furieusement à…Michel Vuillermoz. Un autre encore a empaillé son père mais de son vivant, afin qu'il souffre moins. On louche un peu vers le Hitchcock de « Psychose », mais un « Psychose » pour rire tellement c'est excessif. Le délire n'est pas loin.

La force du spectacle, bien mis en scène au demeurant, c'est que les deux jouent tout cela de façon très précise et juste, ne s'autorisant que rarement des numéros d'acteurs qui seraient, en l'occurrence déplacés. Les comédiens avouent avoir cherché à contrecarrer « la solitude que dépeint l'auteur, pour rendre leurs personnages plus attachants, plus humains. » Pari gagné.

Sur fond d'écran blanc (cinéma oblige) l'action se déplace d'un côté à l'autre, n'ayant recours qu'à une table plus quelques accessoires. Tout est dans les personnages qu'incarnent Gabriel Acremant, le petit nerveux et Arnaud Pontois-Blachère, le grand pontifiant. Les rôles, ici, ne sont pas figés : dans la distribution, entre auguste et clown blanc, les deux comédiens alternent. Un malade devient médecin, le dépressif de tout à l'heure va obliquer vers une normalité toute provisoire. Il serait bon de mentionner le côté physique de l'interprétation, l'aisance des deux, le renouvellement dont ils savent faire preuve.

En clair, amateurs ou non de l'œuvre de Sébastien Thiéry, ruez-vous au cinéma-théâtre le Chaplin pour y voir exploser ces jeunes comédiens. Ils en valent largement la peine.  

Gérard Noël

 

 

Le paradoxe du sommeil paradoxal

D'après les textes de Sébastien Thiéry.
Conception, mise en scène et interprétation : Gabriel Acremant, Arnaud Pontois-Blachère.

Avec les voix de : Virginie Janelas, Marine Sigismeau, Michel Vuillermoz (sociétaire de la Comédie-Française).

Avec le soutien des Arts de la Scène.