LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD

La Pépinière Théâtre
7 rue Louis le Grand
75002 Paris
Tél. : 01 42 61 44 16

Jusqu’au 1er  août
du mardi au samedi à 21h00, et
matinée samedi à 16h00

Le jeu de l’amour et du hasard loupePhoto Anne Gayan

Avec cette pièce, Marivaux s’amuse comme il en a l’habitude à mettre à l’épreuve les codes amoureux mais aussi et surtout à jouer avec les codes sociaux : le maître échange sa place avec le valet Arlequin, la maîtresse avec sa servante Lisette. S’ensuit un double jeu de dupes, de quiproquos, de mensonges en chaîne. Le ton est comique, tonique et provocateur.

Philippe Calvario fait ressortir par tous les moyens possibles cet esprit ironique, poussant les traits comiques des personnages jusqu’au non sens, faisant passer ses comédiens, à coup de ruptures brutales, de la posture tragique au comique le plus italien qui soit, agrémentant toute la pièce d’une bande son faite d’extraits musicaux empruntés aux grand tubes de Gainsbourg pour parsemer de sensualité toute la pièce.

Sa mise en scène est construite en patchwork, en collage et en démesure.  

Dans un décor qui ressemble à un stock de brocanteur, dégringolent des sièges dépareillés, des bustes de mannequins incomplets, des abat-jours bancals, des casiers de bouteilles, des caisses, des tissus… un capharnaüm étrange dans lequel toute l’histoire va se dérouler. Les costumes des personnages sont eux aussi du même acabit, du moins ceux d’Arlequin et de Lisette dans les habits de leurs maîtres : couleurs hurlantes, chapeaux et cheveux au vent pour l’un, robe à crinoline et bustier dégrafé pour la seconde. Tous les deux s’amusent facétieusement au jeu classique des valets de comédie frisant, avec gouaille et bonne humeur, une vulgarité assumée.

Les autres personnages sont d’humeur tragico-romantique. Silvia et Dorante subissent les tourments amoureux avec douleur. Le père et le frère sont des témoins goguenards des méprises et de la naissance des sentiments. Mais dans ce décor surchargé, avec cette lumière qui étouffe les visages des comédiens lorsqu’ils jouent en avant-scène, on a du mal à croire en cette histoire.

Les entrées et les sorties des personnages sont maladroites, beaucoup se font par la salle. Les interprètes ont tendance à tourner en rond sur le plateau sans trop savoir où se poser pour jouer leurs scènes, et l’on aurait envie d’un peu plus d’intensité et de d’incarnation des personnages pour se régaler des roublardises et des hardiesses du texte de Marivaux.

Bruno Fougniès

 

Le jeu de l’amour et du hasard

De Marivaux
Mise en scène Philippe Calvario
Décor Muriel Valat
Lumière Bertrand Couderc
Costumes Aurore Popineau
Musique Serge Gainsbourg
Collaboratrice artistique à la mise en scène Valérie Négre

Avec : Anne Bouvier, Jérémie Bédrune, Philippe Calvario, Nicolas Chupin, Éric Guého, Marie-Pierre Nouveau

 

Mis en ligne le 30 mai 2015

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